vendredi 3 juillet 2015
jeudi 2 juillet 2015
Podemos o no?
L'histoire
n'apprend rien à la plupart de ceux qui nous abreuvent
quotidiennement de leur savoir académique, estampillé Grandes
Écoles ou Université. Il n'y a pas pire aveugle que celui qui ne
veut pas voir. Ils ont même inventé un mot pour désigner n'importe
quel adversaire de leur fumeuses théories: populisme. Dès que
quelque chose les gêne, ils sortent la pancarte populisme et la
discussion s'arrête. Pourquoi perdre son temps avec des ignorants
puisque eux seuls détiennent les droits sur la vérité éternelle?
Cooptés une fois pour toute après avoir fait de vagues études sur
le vide, ils peuvent désormais pérorer à longueur d'antennes et de
papiers sur le même vide dont ils se plaisent à décrire les plus
fines anfractuosités. Comme interdiction est faite aux autres de
parler, ils héritent d'une rente éternelle sur le savoir et sa
diffusion. Non pas que toute contestation soit absolument bannie,
mais cette contestation qui pourrait encore exister sera tellement
maquillée avant de passer devant les caméras de surveillance, ou
tellement isolée lorsqu'elle se présentera devant le monde, qu'elle
paraîtra, aux regards pressés du grand public, insignifiante ou
inepte en comparaison avec la grande pensée unique, bruyante et
superbe.
Un exemple
d'élément historique récurrent et sous-interprété: l'émergence
régulière de marionnettes gauchistes ou droitistes pour drainer le
poison contestataire vers les zones politiques acceptables.
Podemos et
Ciudadanos en Espagne, Syriza en Grèce, Front de Gauche en France,
autant de créations spontanées du système, du dispositif
prolétariste, pour capter l'énergie négative en crue au profit de
l'ordre national ou international. Le NPA et Lutte Ouvrière, dans
notre pays, étant les arrière-arrière-gardes de l'armée
trotskyste lancée dans les pattes du Parti communiste en son temps
pour le désactiver, comme le Front National fut l'outil de division
des droites entre les mains du PS. Mais au-delà de l'instrumentation
politicienne, il y a l'échappatoire machinique.
Je ne parle
pas ici des militants, et ne remets pas en cause leur sincérité. Je
décris une situation objective qui se répète par delà leur
volonté particulière. Je fais allusion à une conjoncture qui se
met en place mécaniquement à partir d'un certain seuil de
négativité accumulée.
A une
certaine température, les éléments de la surface sociale se
mettent à vibrionner. Un ras-le-bol, une lassitude, une
incompréhension, une défiance, un dégoût, une envie diffuse de
tout bouleverser, un sentiment de frustration, qui n'ont pas
d'expression politique, au sens politicien du terme, s'accumulent
dans les tuyaux comme un gaz en expansion. Retour du concret refoulé.
Le désordre grandit, les mouvements s'accélèrent. Le système
menace de perdre le contrôle. Automatiquement, selon une procédure
dont l'efficacité n'est plus à démontrer, des partis apparaissent,
qui reprennent à leur compte quelques revendications exprimées
spontanément, les plus inoffensives, et se présentent en recours,
en structures providentielles. Ces partis arrivent tout neufs dans
l'arène médiatique, et au bout de quelques mois ou de quelques
années, disparaissent ou se fondent dans le paysage à force de
compromis, d'alliances contre-natures, de luttes intestines pour le
pouvoir, de communication. En attendant, la pression redescend, les
mouvements se ralentissent, le système se refroidit et échappe au
collapsus annoncé. Reste quelques têtes brûlées par-ci par-là,
mais le gros des troupes a été capturé et le bloc de contestation
divisé. La grande digestion est achevée, tout peut repartir comme
avant avec quelques changements de façade parfois.
Ce processus
est quasiment organique. Il ne s'agit pas de dénoncer un
organisateur global conscient. Je veux seulement mettre en lumière
le fonctionnement naturel de la mécanique sociale fétichiste ou
spectaculaire, pour parler comme Debord, qui organise la paix des
structures pour mieux alimenter la guerre mondiale du commerce et de
l'argent.
Podemos veut
protéger les pauvres sans sortir de l'Union européenne, ou même de
l'Euro. Tout comme Syriza, au demeurant. C'est-à-dire qu'il veut le
beurre et l'argent du beurre, sans se salir la langue. Il veut la
puissance américaine sans le libéralisme que cette puissance a pour
vocation d'exporter. Il veut l'impuissance de l'Europe et l'argent de
la croissance, l'extension du commerce sans la concurrence, bref, il
veut tout et son contraire. C'est pourquoi ce parti n'a pas d'autre
avenir que celui d'un sous parti socialiste ayant trouvé une seconde
jeunesse dans le rappel des cendres de la Guerre Civile et la braise
du sociétal à la mode. Et s'il parvenait quand même à planter
quelques mesures autres que symboliques, à imposer un semblant de
partage des richesses, ce serait pour donner immédiatement naissance
à un contre-mouvement nationaliste, manipulé par les puissances
d'argent contre lui; puissances d'argent que par ailleurs il
s'interdit de remettre en cause en profondeur, car accepter l'Europe
telle qu'elle se construit, c'est accepter le libéralisme
mondialisé. Et vouloir qu'elle se transforme de l'intérieur, c'est
aussi stupide que de croire aux vertus cachées de la jungle
économique. Il n'y a, et il n'y aura jamais d'État européen. Du
moins pacifiquement. On ne pourrait l'imposer que par la force, à la
manière dont la République française s'est imposé en Bretagne ou
en Vendée. Et cette force ne pourrait être qu'américaine. C'est un
déni de l'histoire de penser le contraire, ou un aveuglement
intéressé. La légitimité démocratique n'existe qu'au niveau des
États, qui se sont créés sur des centaines d'années, avec une
langue commune, une religion commune, des mœurs communes, etc, au prix d'épouvantables guerres. On
peut toujours s'essayer à l'expérimentation sociale et faire de
l'Europe un laboratoire historique. Encore faut-il avouer que l'on
part à l'aveugle sur la base d'une hypothèse arbitraire. La messe
qu'on nous chante tous les jours pour nous faire avaler la feuille de
route décidée en haut lieu, n'est rien d'autre que l'incantation
tragique d'une élite expérimentatrice désireuse d'amener les
manants à croire comme elle en la transsubstantiation magique des
peuples. D'où le succès du mot populisme, qui désigne en vérité
la réaction spontanée de la bête soumise à vivisection. Le rat de
laboratoire que nous sommes tous devenus ne se comporte pas comme
prévu par la théorie, c'est donc, en toute logique folamourienne,
le rat qu'il faut changer.
L'histoire
n'apprend rien à ceux qui pensent avoir tout compris. J'ai déjà
dit que la conjoncture actuelle ressemblait fort à celle des années
trente, mais qu'il ne fallait pas tirer de ce constat banal les
conclusions communes.
Que dit-on
en général? Qu'il faut utiliser les mêmes recettes pour lutter
contre l'extrémisme et éviter la guerre; à savoir promouvoir le
combat de chaque instant contre l'un des deux camps (celui qui fut
déjà vaincu), le camp nationaliste, ce qui revient à choisir
l'autre et donc à pérenniser la guerre. Pour moi, aussi scandaleux
que cela paraisse, il n'y a pas de meilleur camp, il n'y a de part et
d'autre que des guerriers stupides prêts à en découdre au profit
de la machine qui domine l'ensemble et attend le massacre et la
destruction comme une composantes nécessaires de son fonctionnement.
Les deux camps répondent aussi bien l'un que l'autre à ses
exigences. Peu importe d'ailleurs qui vaincra. Dans les années
trente, il y avait une diversité incroyable dans la pensée
politique, mais la simplification a prévalue et a posteriori seuls
les représentants des deux camps officiels eurent droit de cité, à
l'exclusion d'un grand nombre d'indépendants qui voulaient conserver
leur liberté de penser et dont quelques uns ont été rangé depuis
sous le nom de non-conformistes des années trente.
Je ne veux
pas dire ici qu'ils avaient raison contre les autres. Je veux
simplement attirer l'attention sur la vraie répétition, qui est à
mon sens la répétition de l'absurde. La première victime de cette
répétition, c'est la liberté d'expression. Combien de vrais
chercheurs parmi nous? Je parle de gens capables de partir à
l'aventure en prenant le risque d'errer, pas des individus qui s'en
vont explorer les clôtures de leur parc à bestiaux en s'imaginant
qu'ils découvrent les limites naturelles de leur liberté, et qui
s'empressent de les renforcer contre les ennemis de l'intérieur.
L'exercice de la liberté est des plus malaisés et dangereux, c'est
pourquoi si peu s'y essayent réellement. La plupart ne faisant que
la mimer maladroitement, lançant des anathèmes sur tous ceux qui
avancent un pied dans une autre direction.
La
surveillance des camps de la pensée, voilà ce qu'on appelle
aujourd'hui la lutte contre le mal. A ce tarif là, nul doute que la
claustrophobie naissante poussera nos contemporains vers les théories
les plus éculées et les plus violentes. Justement ce qu'était
censée éviter l'organisation de ces camps.
Pour sortir
du piège, pas d'autre solution que de s'élever un peu au-dessus de
la mêlée et d'essayer d'analyser à nouveaux frais l'ensemble du
dispositif. En prenant le risque de l'inconnu, ou du négligé.
On ne peut
pas vouloir l'indépendance et la marchandise, le partage des
richesses et la croissance, le divin et le spectacle, la justice et
le fétichisme marchand, l'égalité et la Valeur, la liberté et le
prolétarisme, la fraternité et la concurrence, les droits de
l'homme et l'homme des machines. Ces contradictions si évidentes et
rédhibitoires sont cependant portées avec la plus parfaite
inconscience par nos élites propagandistes, et elles n'émeuvent
personne parce que personne ne les voit et que ceux qui les voient
sont ou bien inaudibles ou bien muets.
Adrien Royo
Salauds de pauvres!
Ah! ces
grecs, qui ne comprennent pas qu'il faut s'appauvrir périodiquement
pour devenir riches! Ce n'est pas faute de leur avoir répété. Les
espagnols comprennent, ils sont gentils, eux. Les portugais
comprennent. Les irlandais comprennent. Est-ce que ça ne va pas déjà
mieux en Espagne, grâce aux efforts de tous. Le chômage diminue
(rien à voir avec l'exode des jeunes qui sont partis chercher
fortune ailleurs) et la croissance revient. Quand le peuple obéit,
on appelle ça la démocratie. Quand il n'obéit pas, on change de
nom: c'est du populisme. Par exemple Syriza est populiste. Pourtant
il obéit, mais pas assez. Alors que le PP espagnol est démocrate,
comme le PS en France. Gentils, on vous dit. La dette privée est
devenue publique parce que les grandes banques étaient
« systémiques »; les peuples, pris en otages, doivent de
l'argent qu'ils n'avaient pas empruntés; conclusion: serrage de
ceinture pour tout le monde sauf pour les vrais responsables.
Juncker est
désolé. Pauvre chou! Il a tout essayé, rien n'y a fait. Des
ingrats, ces grecs! Lui, l'expert en paradis fiscal et magouille
internationale, leur avait pourtant expliqué que faute de rigueur,
de sérieux et de probité, ils ne pourraient rien obtenir. On ne
fait pas d'omelette européenne sans casser des œufs grecs! Pour le
bien de tous, et des grecs eux-mêmes, il faut qu'ils acceptent de
crever dignement, en bons soldats de la croissance et de la
concurrence mondiale. Verdun, c'est beau, non?
Mais voilà
qu'ils organisent un référendum! Au secours! Sus au populisme! Le
vote, soit, c'est la démocratie; mais le référendum, c'est du
populisme. On vous a pas appris ça à l'école de la République ou
quoi? Relisez Sieyès. Le peuple, d'accord! Mais pas n'importe lequel. Le peuple
idéal, c'est le domestique fidèle, corvéable à merci et plein de
gratitude pour ses maîtres. Un esclave? Non! Un salarié. Le
salarié, contrairement à l'esclave est libre de crever de faim,
s'il refuse la soumission.
Adrien Royo
jeudi 25 juin 2015
Avant-après
Ingrats! La loi dite sur le renseignement est évidemment un progrès puisqu'elle légalise ce qui auparavant se faisait illégalement. Et si, contre toute attente, les services secrets élargissent quand même le champ de leurs activités illégales futures pour échapper à la loi républicaine, il n'y aura qu'à légiférer une nouvelle fois.
Je propose d'ailleurs, dans un but de simplification, de généraliser cette solution à tout ce qui se pratique communément en toute illégalité: La consommation de drogues, l'évasion fiscale, la contrefaçon, etc.
Et puis, autre progrès notable, vous pourrez saisir désormais le juge pour savoir si vous êtes écoutés. A condition toutefois que vous n'ayez rien à vous reprocher, ou, plus précisément, que l’État n'ait rien à vous reprocher, ce qui est très différent. Car l’État, si c'est moi ça va, mais si c'est mon voisin, alors là, il n'y a plus qu'à prier le bon Dieu.
Je propose d'ailleurs, dans un but de simplification, de généraliser cette solution à tout ce qui se pratique communément en toute illégalité: La consommation de drogues, l'évasion fiscale, la contrefaçon, etc.
Et puis, autre progrès notable, vous pourrez saisir désormais le juge pour savoir si vous êtes écoutés. A condition toutefois que vous n'ayez rien à vous reprocher, ou, plus précisément, que l’État n'ait rien à vous reprocher, ce qui est très différent. Car l’État, si c'est moi ça va, mais si c'est mon voisin, alors là, il n'y a plus qu'à prier le bon Dieu.
mercredi 10 juin 2015
Macron, l'esthéticien
On
s'interroge souvent sur la question de savoir si le chômage, en
France et ailleurs, est structurel ou conjoncturel. Question aussi
vide que récurrente. Il est évidemment structurel et général si
l'on admet que le chômage est la forme moderne de ce qui s'appelait
auparavant pauvreté ou misère et pas seulement le nom donné aux
salariés privés d'emploi et indemnisés, rangés sous forme
statistique dans les disques durs des administrations. C'est ainsi
qu'aux États-Unis par exemple, n'est pas chômeur le prisonnier noir
dans sa cellule, le clochard dans les rues de New-York, ou le vendeur
à la sauvette du Missouri, ce qui permet de présenter de belles
statistiques démontrant la parfaite santé de l'économie et la
reprise éclatante après une période de vaches maigres qu'il
fallait affronter avec courage - que voulez-vous la nature est ainsi
faite - après la pluie le soleil, etc.
Cependant le
chômage n'est pas structurel dans le sens où il serait lié à une
structure organisationnelle ou étatique qui pourrait être changée.
Il est structurel en ce sens (Marxien) qu'il est un produit
nécessaire du fonctionnement même de la machine prolétariste, une
conséquence normale de la contradiction interne du système global
de la Valeur s'autovalorisant. Il est structurel parce que ce système
doit impérativement, c'est dans son ADN, détruire ce qui le fait
vivre, à savoir le travail humain productif. Le prolétarisme, ce
que l'on appelle communément le capitalisme, est une « impossibilité
en mouvement » (Marx), une maladie auto-immune du corps social.
Le chômage n'étant qu'un de ses nombreux symptômes. Et comme rien
n'est plus habituel que de prendre le symptôme pour la maladie, on
brandit l'épée de l'économie pour partir à l'assaut du chômage,
tandis que prospère le virus spectaculaire incompris dont l'économie
est le premier support.
Ce regard
sur le monde, le regard du Marx ésotérique, comme dirait Robert
Kurz ou Anselm Jappe, dévoile l'imposture fondamentale de toute
gesticulation étatique. Toute action d'un gouvernement quel qu'il
soit, simple outil au service de la machine fétichiste, pour
éradiquer le chômage, ne peut être qu'une vaste entreprise de
ravalement. Les gouvernants sont des équipes d'esthéticiens chargés
de maintenir le mensonge en état de survie clinique, de refaire une
beauté régulière à un monstre social atteint de la lèpre
marchande. Et Macron est un grand esthéticien, un esthéticien de
gauche par surcroît, ce qui est un gage d'efficacité dans la manipulation des masses encore un peu laborieuses.
Adrien Royo
dimanche 7 juin 2015
Réglage du thermomètre
Il est amusant de constater
la prodigieuse faculté d'aveuglement de la plupart des commentateurs
économiques, complaisamment relayés par nos politiques et nos
médias mainstream. Aveuglement qui repose sur des présupposés
absurdes et cachés. Exemple: le chômage en France concerne très
majoritairement les jeunes et les «vieux » non-diplômés et
non-qualifiés, vérité statistique. Solution: la formation et le
diplôme. Présupposé jamais énoncé et jamais soulevé: il y a
suffisamment d'emplois qualifiés pour tout le monde, et s'ils
n'existent pas encore, ils se créeront. Comment? Par la grâce du
marché qui, comme la nature, a horreur du vide. Du
sophisme de la plus belle espèce, non? Il s'agit, dans le premier cas,
d'un pur fantasme dont on fait une évidence tellement aveuglante
qu'il n'est pas permis une seconde d'en douter; et dans le deuxième
d'une prière magique à peu près du même ordre que la danse de la
pluie pour faire tonner le ciel. Encore que j'aie personnellement
beaucoup plus de respect pour la danse que pour la rhétorique
pseudo-scientifique des experts en chômage qui disent tous la même
chose depuis deux siècles, et qui étant contredits par les faits
depuis si longtemps, en tirent une force supplémentaire, inaltérable
et paradoxale, inaltérable parce que paradoxale, de conviction.
Autre exemple: la dette
publique vient d'une dépense inconsidérée de l'État. Solution:
l'austérité. Présupposé: la réduction des dépenses de l'État
augmente sa richesse comme le paiement de vos dettes garnit votre
porte-monnaie. Autre évidence d'une aveuglante banalité. Problème:
aujourd'hui, c'est la dette qui crée la richesse et pas l'inverse.
Les présupposés cachés
ou jugés trop évidents pour qu'on les rediscute permettent au
discours de tourner en boucle sur lui-même dans une
auto-justification dont la force auto-suggestive s'amplifie un peu plus à chaque nouvelle
rotation. Il ne s'agit de rien d'autre que d'arguments d'autorité
répétés avec l'aplomb indestructible de ceux qui ont été placés
en position de transmettre un savoir précisément parce qu'ils n'y
connaissent rien globalement, mais s'aveuglent beaucoup dans leur minuscule
spécialité. N'ayant pas commencé à gravir la montagne du haut de
laquelle ils pourraient profiter d'une vision générale des choses de
ce monde, ils remuent avec gourmandise la boue de leur pauvre
mangeoire étriquée.
C'est ainsi qu'on en arrive
à déduire du chômage de masse français, dont la spécificité
supposée est plus que discutable, chaque région du monde ayant sa
propre règle de calcul pour apprécier les conséquences de sa politique fraternelle, une série de mesures d'éradication toutes plus définitives les unes que les autres, allant
de la baisse de salaire au contrat zéro heure, en passant par la
réduction des indemnités, le flicage des chômeurs, le
travail obligatoire et la suppression des freins aux licenciements,
pudiquement rebaptisés freins à l'embauche, propres à transformer le chômeur soit en travailleur misérable, soit en misérable tout court. Tant il est vrai qu'un
chômeur non-inscrit, un pauvre à l'ancienne donc, ne comptant plus
pour rien dans nos communautés libres et fraternelles, ne saurait
conserver le droit aux statistiques officielles. Ce qui compte, c'est que le si joli
graphique Powerpoint sur les écrans de nos cravatés redevienne
présentable, avec de belles courbes « inversées », pour que tout soit pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. Car si
vous avez de la fièvre, n'écoutez pas votre instinct qui vous dit bêtement que vous êtes malades. Persuadez-vous plutôt que le
thermomètre est mal réglé. Relevez de quelques crans le point zéro
et la fièvre disparaîtra en même temps que votre
maladie imaginaire.
Adrien Royo
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