dimanche 10 février 2019

Capitalisme et anti-capitalisme sont les deux faces d'une même pièce

Tout le monde voit le symbole du Yin et du Yang chinois ? un cercle avec deux éléments qui s'opposent en se liant ? Et bien capitalisme et anticapitalisme sont les deux éléments qui se lient et s'opposent tout à la fois dans un cercle que j'appelle, il faut bien nommer les choses pour qu'elles existent dans un monde humain, prolétarisme.

Dans l'univers de la marchandise nous sommes tous des prolétaires (du latin « proletarius » : pauvres qui ne comptent aux yeux de l’État que pour ses enfants, c'est-à-dire pour le maintien même de cet État) au service de la valeur s'autovalorisant. Comprenez bien qu'au niveau du prolétarisme, contrairement au niveau inférieur avec son opposition factice, il n'y a plus de pauvres ni de riches mais seulement des prolétaires, des esclaves placés à des échelons différents de la machine aliénatoire qu'ils créent eux-mêmes pour eux-mêmes, des autoesclaves en quelque sorte. Le confort des uns cachant mieux que la pauvreté des autres la même aliénation fondamentale. C'est pourquoi je recommanderais d'en revenir aux catégories sartriennes du salaud et de la mauvaise foi. La mauvaise foi étant le propre de ceux qui se croient libérés par ce qu'ils possèdent, et deviennent des salauds en privant du nécessaire les autres esclaves qui eux ne peuvent pas fuir leur condition réelle d'esclave dans l'imaginaire du confort. Nous sommes en plein dedans avec la révolte des Gilets Jaunes. Une minorité de salauds contre la masse des pauvres d'autant plus détestée qu'elle présente en miroir la réalité existentielle de tous.

Mauvaise foi propre des salauds, donc... Et parmi ces salauds, au sens sartrien du terme, il y a les anticapitalistes qui se croient au-dessus des autres parce qu'ils pensent avoir compris la société de classes, et qui s'opposent en premier lieu à leurs camarades de classes comme ils l'ont toujours fait à travers l'histoire. Car le salaud, avant la conscience réelle de sa condition, préfère le maintien de l'illusion qui lui vaut une supériorité relative dans le monde de la mauvaise foi. Il préférera donc toujours l'illusion a la réalité et la création d'oppositions factices a la réalité du tout aliénatoire. Il lui faudra trouver des bourgeois d'abord, des petits bourgeois ensuite, et des fascistes dans un troisième temps, pour justifier son existence de petit curé prolétarien. Il sera prêt bien entendu à en inventer si par extraordinaire ils venaient à manquer dans le monde réel. Le plus souvent, il n'aura pas trop à chercher, pleins de curés de tous bords étant toujours prêts à en découdre avec leurs pairs pour maintenir l'illusion qui les promeut.

Mais tout cela paraîtra sans doute peu scientifique à des esprits bourrés de lumières. Je vais donc proposer ma propre formule mathématique de la bonne foi : E=MC2. L'énergie de l'auto-effacement individuel est égale à la masse technologique multipliée par la vitesse du capital au carré.

Je rappelle aussi que l'anticapitaliste vise à se libérer du capitalisme pour vivre en prolétaire, alors que l'antiprolétariste vise à se libérer du prolétariat lui-même pour vivre en homme. L'anticapitaliste est donc un marxiste, et l'antiprolétariste un marxien conséquent.

La formule du prolétarisme, en dernière instance, est la suivante : le travail social humain vivant détruit le travail social humain vivant. Comment donc dans ces conditions un prolétaire, vecteur de ce travail social humain vivant, pourrait-il survivre à sa disparation ? Dans cet abîme, il y a tout Marx. Que celui qui veut comprendre comprenne.