Ah! ces
grecs, qui ne comprennent pas qu'il faut s'appauvrir périodiquement
pour devenir riches! Ce n'est pas faute de leur avoir répété. Les
espagnols comprennent, ils sont gentils, eux. Les portugais
comprennent. Les irlandais comprennent. Est-ce que ça ne va pas déjà
mieux en Espagne, grâce aux efforts de tous. Le chômage diminue
(rien à voir avec l'exode des jeunes qui sont partis chercher
fortune ailleurs) et la croissance revient. Quand le peuple obéit,
on appelle ça la démocratie. Quand il n'obéit pas, on change de
nom: c'est du populisme. Par exemple Syriza est populiste. Pourtant
il obéit, mais pas assez. Alors que le PP espagnol est démocrate,
comme le PS en France. Gentils, on vous dit. La dette privée est
devenue publique parce que les grandes banques étaient
« systémiques »; les peuples, pris en otages, doivent de
l'argent qu'ils n'avaient pas empruntés; conclusion: serrage de
ceinture pour tout le monde sauf pour les vrais responsables.
Juncker est
désolé. Pauvre chou! Il a tout essayé, rien n'y a fait. Des
ingrats, ces grecs! Lui, l'expert en paradis fiscal et magouille
internationale, leur avait pourtant expliqué que faute de rigueur,
de sérieux et de probité, ils ne pourraient rien obtenir. On ne
fait pas d'omelette européenne sans casser des œufs grecs! Pour le
bien de tous, et des grecs eux-mêmes, il faut qu'ils acceptent de
crever dignement, en bons soldats de la croissance et de la
concurrence mondiale. Verdun, c'est beau, non?
Mais voilà
qu'ils organisent un référendum! Au secours! Sus au populisme! Le
vote, soit, c'est la démocratie; mais le référendum, c'est du
populisme. On vous a pas appris ça à l'école de la République ou
quoi? Relisez Sieyès. Le peuple, d'accord! Mais pas n'importe lequel. Le peuple
idéal, c'est le domestique fidèle, corvéable à merci et plein de
gratitude pour ses maîtres. Un esclave? Non! Un salarié. Le
salarié, contrairement à l'esclave est libre de crever de faim,
s'il refuse la soumission.
Adrien Royo
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