jeudi 2 juillet 2015

Salauds de pauvres!

Ah! ces grecs, qui ne comprennent pas qu'il faut s'appauvrir périodiquement pour devenir riches! Ce n'est pas faute de leur avoir répété. Les espagnols comprennent, ils sont gentils, eux. Les portugais comprennent. Les irlandais comprennent. Est-ce que ça ne va pas déjà mieux en Espagne, grâce aux efforts de tous. Le chômage diminue (rien à voir avec l'exode des jeunes qui sont partis chercher fortune ailleurs) et la croissance revient. Quand le peuple obéit, on appelle ça la démocratie. Quand il n'obéit pas, on change de nom: c'est du populisme. Par exemple Syriza est populiste. Pourtant il obéit, mais pas assez. Alors que le PP espagnol est démocrate, comme le PS en France. Gentils, on vous dit. La dette privée est devenue publique parce que les grandes banques étaient « systémiques »; les peuples, pris en otages, doivent de l'argent qu'ils n'avaient pas empruntés; conclusion: serrage de ceinture pour tout le monde sauf pour les vrais responsables.

Juncker est désolé. Pauvre chou! Il a tout essayé, rien n'y a fait. Des ingrats, ces grecs! Lui, l'expert en paradis fiscal et magouille internationale, leur avait pourtant expliqué que faute de rigueur, de sérieux et de probité, ils ne pourraient rien obtenir. On ne fait pas d'omelette européenne sans casser des œufs grecs! Pour le bien de tous, et des grecs eux-mêmes, il faut qu'ils acceptent de crever dignement, en bons soldats de la croissance et de la concurrence mondiale. Verdun, c'est beau, non?

Mais voilà qu'ils organisent un référendum! Au secours! Sus au populisme! Le vote, soit, c'est la démocratie; mais le référendum, c'est du populisme. On vous a pas appris ça à l'école de la République ou quoi? Relisez Sieyès. Le peuple, d'accord! Mais pas n'importe lequel. Le peuple idéal, c'est le domestique fidèle, corvéable à merci et plein de gratitude pour ses maîtres. Un esclave? Non! Un salarié. Le salarié, contrairement à l'esclave est libre de crever de faim, s'il refuse la soumission.

Adrien Royo

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