samedi 30 novembre 2013

Education et Management



L’éducation a eu, au cours de l’histoire, des objectifs différents. Aujourd’hui, il s’agit clairement de former des outils humains pour la Marchandise, pour le Management dirait Pierre Legendre. Qu’est-ce le Management selon lui ? Rien moins que le prescripteur moderne de la Vérité, le ciment du social qui ne se donne pas comme ciment, ce qui le distingue de tous les mortiers précédents, christianisme en tête.

Quiconque travaille aujourd’hui dans l’éducation, travaille donc plus ou moins pour le Management, qu’il le veuille ou non ; pour l’industrialisme et pour la Marchandise, en tant que formes sociales générales désignant implicitement une Référence absolue autour de laquelle s’articule tout le système de présentation et de représentation, tout l’appareil d’identification et de gestion de la violence humaine fondamentale (inceste et volonté de toute puissance, narcissisme pervers). Et entre le Management et une autre forme prescriptive, point d’alliance possible.

Il est donc parfaitement grotesque de chercher à éduquer un être humain plutôt qu’un outil, si l’on n’a pas d’abord conscience de la hiérarchie réelle. Tout en haut, la Marchandise, et, en bas, le reste, y compris Dieu. Car Dieu est au service de la Marchandise tant que celle-ci n’a pas été défaite. Si bien que personne ne sert Dieu, ou la justice, ou l’humanité, s’il reste l’esclave de la Marchandise. Le Management s’interpose subrepticement entre Dieu et les hommes. Littéralement, il prend Sa place.

Et chacun le sait, on ne peut servir deux maîtres à la fois, même si l’un des deux se cache en tant que maître pour se laisser voir comme pure technique, et donc comme pur neutre.

Par conséquent, rien n’est plus risible que les gesticulations contraintes de ces Bonaparte en chambre dont toute l’action vise à l’objectif final de l’adaptation. Adaptation à quoi ? A cette sacro-sainte réalité qui n’est qu’une toile peinte en trompe-l’œil pour attraper le naïf ou le coquin. Si Dieu n’est pas mort, c’est derrière ce décor qu’il faudra le chercher.

Un éducateur qui ne souhaite pas renverser l’Idole marchande est avant tout le serviteur de cette idole. Qu’il fasse chaque matin des prières à la Vierge ou à la République n’y change rien.


Adrien Royo