jeudi 23 juillet 2009

Grossièrement, la source échappe. Qu’il est loin mon berceau de livres. Je ne me ressemble pas encore et déjà je me fuis. Avec quelle douceur messagère, l’aube arrache les yeux de celui qui veut voir. Nuit, arrête ton char à l’orée du chagrin. Là où gisent les serments tombés. Dolente heure de gloire en ton giron d’étoiles. Un hier assassin qui prend la main du soir et le jette aux essaims. Pourquoi ne sais-tu pas que ton bonheur est là, au plus près de tes larmes. Larmes salées d’échecs et charriant le mystère des volcans intérieurs. Quand la mer initiale ajoute son destin à tes présents d’accueil. Il sévissait déjà l’arracheur de rêves, en plaçant le mensonge sur des lèvres de ciel et des fourmis sauvages dans le bleu des ciments.

mardi 21 juillet 2009

J’ai très vite compris qu’il serait vain. La poussière va tombée sur la lampe en petits tas dorés. Le temps va s’épuiser sur la lampe en flocons de poussière. Le temps organise déjà le désordre des livres au pied de mon lit. Le temps me prend par les couilles au plafond de ma chambre. Il me fouille les entrailles avec son doigt d’attente. Le temps me sodomise. Hurlements en faveur de rien au-delà de la plainte. Je pleurs au catafalque, la catastrophe en épi. Phénoménale escarpolette. Cerisaie de plomb. Il n’est nulle part trace d’erreur en cette sauvagerie. Sauvagerie ensauvagée contre moi-même. Quelqu’un désire ma mort. Ma mort attend quelqu’un en moi. Dans mon cul pour m’attendre. Sors de là ! vipère avant-coureuse ! Je te connais. Tu es cela ! Cela qui est dans mon cul par la tête. Ignoble avide de ma substance de joie. Qui me laisse pâle au hasard. Hors de ma vue ! Et regarde mes yeux qui te regardent à travers. Comprends ! Avant de te vautrer dans ta fange aux rideaux. Avant que le temps vienne où nous irons heureux saisir la main amie. Entourés, comme après un naufrage. Qu’il est doux le naufrage désiré, d’ailleurs, la poussière sodomisante où nager son bonheur et sa disparition. On vient de me greffer des phalanges au front. Au hasard, sur le front. Et je baisse la tête. Ô, Dieu ! viens que je te suce enfin par la fente du nombre. Appelle tes amis dont les oreilles cachées. Silence ! Ordure de cul, clystère paradisiaque, vase hygiénique. Aux latrines devant la queue fermée, bague entrouverte, édifice charmant protégé du levant par ton sentiment sec. Et noyé d’eau pourtant, comme en une piscine. Ta main, là, sous ma peau, griffant l’aine. Aurais-tu décidé, circonspect ? Avale-moi donc par la tête sans voix ! Crie ma douleur par tes yeux clos et ferme le chagrin avant que ne sorte l’épouse. Il m’arrivait de voir, sous les arbres, des silhouettes dansantes en sauterelles. Elles s’enfuyaient par la racine lorsque le jour venait. M’incombe le retard et je n’ai pas de train. L’amie s’ébroue et pleure comme une lampe. Il sera question de lumière frétillante avant le soir. Mascarade en solitude. Et sollicitude aussi pour les moutons du haut des collines, qui descendent les plats de cristal en sabots. A moins qu’ils ne fussent bottés, comme des chats de légendes…

jeudi 16 juillet 2009

Une veste appliquée en bouquet d'uniformes
Reste que de deux ailes ne vient que l'air du temps
Verre opaque à la lune directement au loin
Par-delà par-dessus
Au parterre du monde
lorsque le piège éclaire le jugement rendu

samedi 4 juillet 2009

Idiotie

Si tu veux, tu peux.

Si tu veux vouloir, tu peux pouvoir.

Si tu veux vouloir vouloir, tu peux pouvoir pouvoir.

Si tu veux vouloir vouloir vouloir, tu peux pouvoir pouvoir pouvoir.

Si tu veux vouloir vouloir vouloir vouloir, tu peux pouvoir pouvoir pouvoir pouvoir.

Si tu veux vouloir vouloir vouloir vouloir vouloir, tu peux pouvoir pouvoir pouvoir pouvoir pouvoir.

Si tu veux vouloir vouloir vouloir vouloir vouloir vouloir , tu peux pouvoir pouvoir pouvoir pouvoir pouvoir pouvoir.

Si tu veux vouloir vouloir vouloir vouloir vouloir vouloir vouloir, tu peux pouvoir pouvoir pouvoir pouvoir pouvoir pouvoir pouvoir.

Si tu veux vouloir vouloir vouloir vouloir vouloir vouloir vouloir vouloir, tu peux pouvoir pouvoir pouvoir pouvoir pouvoir pouvoir pouvoir pouvoir.

Si tu veux vouloir vouloir vouloir vouloir vouloir vouloir vouloir vouloir vouloir, tu peux pouvoir pouvoir pouvoir pouvoir pouvoir pouvoir pouvoir pouvoir pouvoir.

Si tu veux vouloir vouloir vouloir vouloir vouloir vouloir vouloir vouloir vouloir vouloir, tu peux pouvoir pouvoir pouvoir pouvoir pouvoir pouvoir pouvoir pouvoir pouvoir.

Si tu veux vouloir vouloir vouloir vouloir vouloir vouloir vouloir vouloir vouloir vouloir, tu peux pouvoir pouvoir pouvoir pouvoir pouvoir pouvoir pouvoir pouvoir pouvoir pouvoir…

Conjugaison libérale

J’ai ce que je mérite
Je mérite ce que j’ai

J’avais ce que je méritais
Je méritais ce j’avais

J’eus ce que je méritai
Je méritai ce que j’eus

J’aurai ce que je mériterai
Je mériterai ce que j’aurai

J’ai eu ce que j’ai mérité
J’ai mérité ce que j’ai eu

J’avais eu ce que j’avais mérité
J’avais mérité ce que j’avais eu

J’eus eu ce que j’eus mérité
J’eus mérité ce que j’eus eu

J’aurai eu ce que j’aurai mérité
J’aurai mérité ce que j’aurai eu

J’aurais eu ce que j’aurais mérité
J’aurais mérité ce que j’aurais eu

J’eusse eu ce que j’eusse mérité
J’eusse mérité ce que j’eusse eu

Que j’aie ce que je mérite
Que je mérite ce que j’ai

Que j’eusse ce que je méritais
Que je méritasse ce que j’avais

Que j’aie eu ce que j’ai mérité
Que j’aie mérité ce que j’ai eu

Que j’eusse eu ce que j’avais mérité
Que j’eusse mérité ce que j’avais eu

Domestication

Domestication, prolétarisation universelle, c'est la mission non-officielle de l'école. Domestication et prolétarisation ayant ici le même sens. Synonymie. Former des domestiques. Le corps social autonome forme ses domestiques, ses prolétaires, les serviteurs de la Machine.

La première mission de l'éducateur contre-cynique (kunique) sera donc de promouvoir l'inutile, le temps perdu, la béance, la vacance, l'ajournement. Mais avec la conscience toutefois d'une possible récupération de l'inutile particulier par l'utile global. Car on ne peut éviter cette récupération qu'en désignant un nouvel horizon. Toute béance sans projet, forme une ouverture dans le système immunitaire psycho-social individuel par où s'engouffre immédiatement l'air du projet cynique. C'est l'erreur de toutes les alternatives artistico-libertaires que de considérer la béance, l'ouverture, comme suffisante en elle-même pour se libérer d'un corps social pathologique. Les tenants de ces alternatives qui n'en sont pas, ne voient pas que corps individuel et corps social forment un continuum dont on ne peut sortir (pour cela, il faudrait sortir de soi-même) et dont on peut seulement guérir lorsqu'il est pathologique. De là toutes les déceptions et les échecs qui jalonnent le champ des expérimentations révolutionnaires modernes. D'abord le contre-projet, ensuite seulement la béance. Béance sans conscience et conscience sans béance ne sont que ruines de l'âme.