mardi 3 avril 2012

Le sabre, le goupillon et le coffre-fort.

L'ordre moral, nous dit ce cher Henri Guillemin (dans l'Autre Avant-Guerre, par exemple), c'est l'alliance de l'armée, de l’Église et des possédants. Il nous fait remarquer ensuite que tout cela relève d'une pratique toute voltairienne. Que nous disait le philosophe national "hors micro"? Qu'"il est fort bon de faire accroire aux humbles qu'ils ont une âme immortelle et qu'il existe un Dieu vengeur qui punira mes paysans s'ils veulent me prendre mon blé."

Ce qui renvoie à nos régime de "liberté". Il se confirme que la démocratie, telle qu'elle se pratique aujourd'hui, n'est que le cache sexe de la prédation oligarchique, l'autre nom de la confiscation du pouvoir par les privilégiés. Comprenons bien que ce n'est pas de démocratie réelle dont il est question, mais d'un mot qui s'oppose à la chose qu'il semble désigner. Le régime parlementaire par élection au suffrage universel est le régime le mieux fait pour faire tenir tranquille la plèbe. Il la plie à une décision majoritaire présentée comme souveraine et démocratique, quand elle est en réalité le résultat d'une manipulation oligarchique avec spectacle d'opposition, ou opposition du spectacle, pour reprendre la terminologie debordienne.

Si on ne prend pas les mouches avec du vinaigre, il faut bien convenir en revanche qu'on prend les pigeons avec des mots. Et parmi les pigeons, il en est de particulièrement stupides qui se piquent d'anti-démocratie, sans comprendre qu'ils demandent ce qui existe déjà sous un faux nom.

Ah! c'est que la modernité est plus complexe qu'on ne l'imagine au premier abord. Mais aussi plus simple, par certains côtés.

Adrien Royo
    

samedi 31 mars 2012

Amour du problème

Saint-Just pensait que la vertu ne pouvait s'exercer que dans un cadre institutionnel la favorisant. Je partage ce point de vue, relayé entre autre par Etienne Chouard dans son travail sur les conditions de la démocratie. Ce qui compte, c'est la puissance politique. On peut avoir les meilleures intentions du monde; si l'on est impuissant politiquement, le diable l'emporte.

Le cadre institutionnel est tout. Quiconque se désintéresse de cette question, restant sur le plan de la morale, de l'amour ou de la bonne volonté, loin de représenter une solution, fait parti du problème.

Adrien Royo

mardi 27 mars 2012

Terrorisme d'élevage

Tous les terroristes, d’où qu’ils viennent et de quelque cause qu’ils se réclament sont les supplétifs des armées et des polices d’État. Non pas parce qu’ils seraient des traitres par essence, mais parce qu’ils représentent le jusqu’auboutisme dont à besoin le pouvoir pour faire exécuter, sous faux drapeaux, toutes les basses besognes nécessaires à la manipulation psychologique des masses. Quoi qu’ils veuillent et quoi qu’ils fassent, les actions des terroristes servent toujours et d'abord ceux qu’ils croient combattre. En ce sens, il n’y a pas pire crétin politique qu’un terroriste convaincu. De même qu’il n’y a pas plus manipulable qu’un fanatique violent radical. Qu’il soit de gauche ou de droite, islamiste, fondamentaliste de toute obédience, chrétien ou juif, son destin est de servir toujours la soupe à ses ennemis. En retour, les États ont un intérêt vital à encourager, à radicaliser ou à créer purement et simplement, toute sorte de groupuscules utilisables à volonté. Évidemment, cela revient à jouer avec le feu. Et alors?

Guy Debord, dans ses Commentaires sur la Société du Spectacle, petit livre indispensable, analysant le terrorisme rouge des années 70 en Italie avait déjà tout dit là-dessus. Les groupuscules révolutionnaires armés servaient sans le savoir la cause des pouvoirs occidentaux les plus anti-communistes. Ils étaient les instruments d’une terreur d’État servant à justifier toutes les répressions, tous les coups tordus et tous les assassinats perpétrés au nom de la raison du même nom. Ce qui veut dire que tout terrorisme est en définitive une construction ou une manipulation étatique et policière.

A qui profite l’antisémitisme radical et violent d'aujourd'hui ? Principalement à Israël qui peut, sous le couvert d’une victimisation outrancière relayée par toute la classe politico-médiatique mondiale, commettre ses crimes d’État en toute tranquillité. Les terroristes islamistes seront les forces d’appoint idéales pour diffuser dans l’opinion internationale, et ainsi détourner son regard, l’idée d’une identité parfaite entre critique d’Israël et antisémitisme.

A qui profite, dans la même logique, l’anti-américanisme violent ? Principalement aux États-Unis, bien sûr. Et à qui profite l’islamisme fanatique en France ? Au pouvoir français. Car tout est bon pour éviter que les pauvres se réunissent jamais contre leurs véritables affameurs institutionnels. Transformer une menace sociale relative en une menace ethnico-confessionnelle absolue, est la principale activité des officines gouvernementales à travers le monde. Qui sait cela échappe déjà à toutes les manipulations terroristeuses du pouvoir. Avant de courir aveuglément et stupidement à l’ennemi désigné par nos maîtres, arrêtons-nous un instant pour réfléchir ensemble.

Adrien Royo

Cameron, le courage (bis).

Ne voyez aucun lien entre les connivences grassement rétribuées, peut-on appeler ça autrement que prostitution politique? des riches britanniques avec le gouvernement de David Cameron, et la baisse de la tranche supérieure de l'impôt outre-Manche. Par ailleurs, quiconque découvrirait entre les amitiés privilégiées de Nicolas Sarkozy et sa politique économique une articulation logique, pourrait bientôt rendre des comptes à la justice pour extrémisme sauvage. Conflit d'intérêts, dites-vous? Que nenni, voyons! simple dialogue bien naturel entre honnêtes gens, ou gens de "bien", comme disaient les traitres versaillais pendant la Commune. Les riches ne font jamais valoir leur intérêt particulier, c'est bien connu. Ils sont trop soucieux de l'intérêt général. Toute l'histoire le prouve.

Adrien Royo

jeudi 22 mars 2012

L'idiot utile et les victimes expiatoires

Si les intégristes islamistes n'existaient pas, il faudrait les inventer, tellement ils servent la cause des "sécuritaristes" démocratophages. A chacune des actions débiles et criminelles d'un pseudo-islamiste fraîchement converti, le gouvernement annonce à la population en peine de lynchage, son lot de mesures liberticides. Chaque meurtre d'un idiot utile de service, augmente la pression haineuse et les réflexes pulsionnels de vengeance, annihilant des années de pédagogie pacifique. S'il est musulman, c'est encore mieux. Chaque meurtre annonce la montée d'un degré dans la domination des esprits. Qui est capable de garder son sang froid, aujourd'hui, après la tuerie de Toulouse ? L'oligarchie surfera longtemps sur cette vague. La peur et l'effroi, sont les outils premiers de sa stratégie négative.

De l'action anti-terroriste, on passe allègrement, à la faveur d'évènements comme celui-ci, à des mesures anti-contestation. Ce qui se passe aux États-Unis est édifiant à cet égard. Les Occupy Wall Street sont presque logés à la même enseigne que les fanatiques d'Al Qaïda. A tel point qu'on arrivera bientôt, si le massacre continue, à mettre sur le même plan le meurtre d'un enfant et le fait d'avoir manifesté dans la rue pour les retraites.

Encore un effort et nous pourrons jeter les extrémistes les uns contre les autres, entraînant tout le corps social dans l'abîme.

Quand l'émotion remplace la réflexion, il n'y a plus rien à faire qu'à attendre qu'elle s'apaise. Mais si on en rajoute, alors toute réflexion est bannie jusqu'au bain de sang rituel.

Le meurtre sauvage est affolant. Mais le spectacle sauvage du meurtre ne l'est pas moins. Gardons-nous de plonger dans les labyrinthes de ce vampire que nous sommes tous parfois.

Adrien Royo
 

mercredi 21 mars 2012

David Cameron, le courage.

Le gouvernement britannique a une lecture très particulière des Évangiles. Je trouve le nôtre bien timide en comparaison.

Dieu abandonne les riches, il n'en veut pas dans son Paradis. Sa Terre Promise est un endroit ou l'intérêt n'existe pas (je parle de l'intérêt lié au remboursement des prêts). Très bien, lui répond David Cameron, haut parleur de la City, si Tu ne veux pas des riches, sache que les riches ne veulent pas de Toi. Tu as choisi les pauvres, cela veut dire que tu ne comprends rien à l'économie politique, puisque sans les riches les pauvres ne seraient rien, alors nous décidons de te licencier, Toi et ton Fils, pour faute professionnelle. Nous adorerons désormais Celui qui comprend les choses d'ici-bas: un moderne, un gagneur, un mec qui en a, Satan. Lui au moins a lu Ricardo et Adam Smith. Nous te laissons avec les pleureuses grecques, nous nous occuperons du vrai monde. Allez! Ciao!

Le taux d'imposition des plus riches, au Royaume-Uni, était insupportable, le gouvernement le baissera. Non seulement la richesse privée existe, mais c'est la seule richesse qui vaille. Les riches ne s'accaparent pas une part de la richesse sociale, c'est bien plutôt la richesse publique qui prend indûment sur la richesse individuelle. Les pauvres se porteraient mieux à enrichir les riches, plutôt qu'à réclamer toujours plus de ce qui ne leur appartient pas.

Je suggère à mes amis anglais de faire un pas de plus. Pourquoi ne pas abroger les lois injustes qui interdisent le travail des enfants et le recours à l'esclavage? Satan n'est pas bégueule.

On ne devrait pas tirer des conclusions trop rapides sur les écrits bibliques avant d'être allé consulter les oracles de la City. Eux ont des choses originales à dire. On n'entrera pas dans Ton paradis, disent-ils à Dieu, d'accord, mais alors Tes brebis, on va s'en occuper aux petits oignons.

Adrien Royo