jeudi 1 mars 2012

Tâche ingrate, en effet.

Dans son discours inaugural de décembre dernier (cité par le Monde Diplomatique, ce mois-ci), Mariano Rajoy, président du gouvernement espagnol, disait : "Nous sommes confrontés à une tâche ingrate, comme celle de ces parents qui doivent se débrouiller pour nourrir quatre personnes avec l'argent pour deux." Sa langue a dû fourcher, il voulait dire: notre tâche est ingrate, comme celle de ces manipulateurs d'opinion qui doivent absolument faire croire qu'il faut continuer de nourrir une seule personne avec l'argent de quatre.

J'en ai marre de ces pères la morale qui trouvent toujours à culpabiliser les victimes et justifier les coupables. Que ceux qui ont commis les fameuses folies des trente dernières années, celles qui nous valent la crise actuelle, soient jugés pour leurs actes. Qui sont-ils, d'ailleurs, ces imprévoyants, ces cigales ayant chantées tout l'été? Sinon les dirigeants politiques, économiques ou financiers d'aujourd'hui qui parlent à longueur de journée de la folie et de l'imprévoyance des autres, comme s'ils revenaient d'un long séjour sur la Lune. J'ai rien vu, rien entendu, disent-ils, en appelant au sacrifice les victimes de leur incurie, quand ce n'est pas de leurs prévarications. Ils ont vécu au-dessus de nos moyens, et nous, pendant ce temps-là, bien en dessous.

Adrien Royo

Vers la dernière der des der ?

Un article très complet de Myret Zaki (journaliste économique suisse, rédactrice en chef du magazine économique Bilan) sur les luttes d'influence et les conflits au Moyen-Orient :

http://www.bilan.ch/articles/economie/la-troisieme-guerre-mondiale-t-elle-deja-commence

mardi 28 février 2012

Marché versus démocratie

Ce à quoi nous assistons en ce moment, en Europe particulièrement, derrière le paravent des institutions faussement démocratiques, nationales et européennes, c’est à l’instauration sournoise d’une tyrannie des marchés, d’une dictature des agioteurs, de moins en moins cachée, à mesure que la crise mondiale s’approfondit. Ce que disait Debord dans ses Commentaires sur la Société du Spectacle, à savoir que le vrai devenait un moment du faux en ces temps du spectaculaire intégré, trouve sa confirmation à chaque sommet européen, à chaque réunion du G20.

Des gouverneurs de provinces oligarchiques s’installent aux commandes des États, au mépris du suffrage universel, comme s’il s’agissait de la chose la plus naturelle du monde. Il faut dire que 50 ans de techno-cybernétisme, d’élitisme libertaire, et de décervelage propagandiste à grande échelle, auront bien préparé le terrain. Une bonne crise là-dessus, et voilà deux cents ans d’illusions démocratiques qui s’échappent par les cheminées des centrales financières.

Fukushima confirma Tchernobyl qui confirmait la bombe H qui sonnait la fin de partie prométhéenne de l’humanité. La crise des subprimes confirma les guerres du Golfe qui confirmaient l’impérialisme démocratique qui donne le ton au Nouvel Ordre Mondial.

Il y avait peu de démocratie en Europe, il y en a encore moins maintenant. Le pouvoir est aux mains des argentiers, et ils feront tout pour le conserver et l’augmenter encore. Le pouvoir rend fou, dit-on. L’argent aussi. Que serait-ce si les fous d’argent avaient le pouvoir ?

Au moment où je parle, c’est en Grèce que se joue la partie européenne de poker menteur. 130 milliards pour voir. On enterre la démocratie à l'endroit où elle née. Observez bien cela, il n'y a pas de hasard.

Il n’y a pas de démocratie en Europe. Il n’y en a pas davantage en Amérique. Le Capital, au dernier degré de son évolution, conformément aux prévisions situationnistes, est devenu spectacle. On oblige les peuples à rester assis dans la salle de cinéma mondiale pour regarder le film hollywoodien inter-minable qu’on leur passe en boucle toute la journée. Le film s’intitule « La Démocratie à la Conquête du Monde ». Plein de rebondissements, il propose du dépaysement, de l’aventure, des grands espaces, des meurtres, des combats, des larmes, des héros et des victimes. Ses producteurs sont les vendeurs d’armes et les faux-monnayeurs démocrates. Pour essayer de nous faire croire encore à cette démocratie dévaluée à l’intérieur de nos frontières, il faut désormais nous vendre en permanence du repoussoir non-démocratique. Il faut donner des leçons de liberté au monde entier pour s’assurer de la sienne. Moins elle existe pour nous, plus nous devons l’affirmer pour les autres. A l’extérieur, la leçon se fera d’autant plus péremptoire et violente qu’à l’intérieur la démocratie sera moins assurer. Nous pouvons donc facilement mesurer les progrès de la tyrannie que nous subissons par la violence que nous faisons subir.

Que ne ferait-on pour continuer de nous persuader que marché = liberté = démocratie? Équation parfaite de notre aliénation.

Si demain, la Turquie, l’Angleterre et la France attaquent la Syrie, pendant qu’Israël et les États-Unis attaquent l’Iran, nous serons certains d’avoir définitivement échangé la réalité démocratique contre sa fiction.

Adrien Royo

dimanche 26 février 2012

L'Etat d'absence

"Le président de la BCE durcit le ton vis-à-vis des pays européens endettés. Dans un entretien publié par le 'Wall Street Journal', Mario Draghi estime qu'il n'y a pas d'alternative à la mise en œuvre de sévères plans d'austérité, et prévient que les systèmes sociaux du Vieux continent sont devenus obsolètes...Alors que le débat fait rage sur les moyens d'éviter l'aggravation de la récession en zone Euro, tout en réduisant les déficits publics, Mario Draghi estime que seules de profondes réformes structurelles pourront sortir l'Europe de l'ornière." (Boursier.com)

Quel analyste, ce Draghi! Ce qui a permis à certains pays européens d'atténuer un peu les effets de la crise, serait justement ce qui nuit à leur santé économique. Adieu l’État Providence, vive l’État d'absence.

Il faut être un génie bancaire sorti de la cuisse de Goldmann Sachs pour sortir une telle ânerie.

Nous voilà prévenus, en tout cas. La politique de la France, comme celle de la Grèce, du Portugal, de l'Espagne, de l'Italie, etc., sera désormais élaborée à Francfort, au siège de la BCE. Inutile de voter en avril prochain, le président de la République française s'appelle Mario Draghi. Mais, chut! La Banque ne fait pas de politique. Comme Trichet avant lui, Draghi, c'est le Monsieur Jourdain de l'économie qui fait de la politique sans le savoir.

vendredi 24 février 2012

Pour le swing et le groove

Cyniques assistés

Si le cynisme addictif n'était pas, comme nous le répétons souvent ici, la structure psychologique et philosophique fondamentale des temps libéraux que nous vivons, nous serions surpris par les élucubrations sarkoziennes concernant les pseudo-assistés (chômeurs, RMIstes, etc.).

Qui est assisté aujourd'hui? Sinon les banques et les marchands d'armes.

Si vous voulez trouver de vrais assistés, allez donc au Fouquet's, pas à Pôle Emploi, où je ne vois pour ma part que des malheureux à qui les vrais assistés ont volé le travail.

Cessons deux minutes d'assister les banques et les fonds spéculatifs, on n'attendrait pas longtemps pour voir le résultat.

J'apprends d'autre part qu'il existe 313 bandes en France qui écument les quartiers.

Sachant qu'une bande, c'est trois individus minimum se réunissant pour commettre des actes anti-sociaux, délictueux ou criminels, le ministre de l'intérieur en a oublié une : celle du Fouquet's, précisément.

jeudi 23 février 2012

La cybernétisation de l'Europe

Des technocrates subrepticement substitués aux politiques démissionnaires ou incompétents, à la faveur d'une crise causée précisément par leur lecture technocratique du monde, voilà une application idéale du modèle cybernétique.

De la post-démocratie au post-humanisme, il n'y a qu'un pas de cyborg. Et du post-humanisme à la dictature du corps social prothétique, il n'y a que l'épaisseur d'une puce électronique.