mardi 28 février 2012

Marché versus démocratie

Ce à quoi nous assistons en ce moment, en Europe particulièrement, derrière le paravent des institutions faussement démocratiques, nationales et européennes, c’est à l’instauration sournoise d’une tyrannie des marchés, d’une dictature des agioteurs, de moins en moins cachée, à mesure que la crise mondiale s’approfondit. Ce que disait Debord dans ses Commentaires sur la Société du Spectacle, à savoir que le vrai devenait un moment du faux en ces temps du spectaculaire intégré, trouve sa confirmation à chaque sommet européen, à chaque réunion du G20.

Des gouverneurs de provinces oligarchiques s’installent aux commandes des États, au mépris du suffrage universel, comme s’il s’agissait de la chose la plus naturelle du monde. Il faut dire que 50 ans de techno-cybernétisme, d’élitisme libertaire, et de décervelage propagandiste à grande échelle, auront bien préparé le terrain. Une bonne crise là-dessus, et voilà deux cents ans d’illusions démocratiques qui s’échappent par les cheminées des centrales financières.

Fukushima confirma Tchernobyl qui confirmait la bombe H qui sonnait la fin de partie prométhéenne de l’humanité. La crise des subprimes confirma les guerres du Golfe qui confirmaient l’impérialisme démocratique qui donne le ton au Nouvel Ordre Mondial.

Il y avait peu de démocratie en Europe, il y en a encore moins maintenant. Le pouvoir est aux mains des argentiers, et ils feront tout pour le conserver et l’augmenter encore. Le pouvoir rend fou, dit-on. L’argent aussi. Que serait-ce si les fous d’argent avaient le pouvoir ?

Au moment où je parle, c’est en Grèce que se joue la partie européenne de poker menteur. 130 milliards pour voir. On enterre la démocratie à l'endroit où elle née. Observez bien cela, il n'y a pas de hasard.

Il n’y a pas de démocratie en Europe. Il n’y en a pas davantage en Amérique. Le Capital, au dernier degré de son évolution, conformément aux prévisions situationnistes, est devenu spectacle. On oblige les peuples à rester assis dans la salle de cinéma mondiale pour regarder le film hollywoodien inter-minable qu’on leur passe en boucle toute la journée. Le film s’intitule « La Démocratie à la Conquête du Monde ». Plein de rebondissements, il propose du dépaysement, de l’aventure, des grands espaces, des meurtres, des combats, des larmes, des héros et des victimes. Ses producteurs sont les vendeurs d’armes et les faux-monnayeurs démocrates. Pour essayer de nous faire croire encore à cette démocratie dévaluée à l’intérieur de nos frontières, il faut désormais nous vendre en permanence du repoussoir non-démocratique. Il faut donner des leçons de liberté au monde entier pour s’assurer de la sienne. Moins elle existe pour nous, plus nous devons l’affirmer pour les autres. A l’extérieur, la leçon se fera d’autant plus péremptoire et violente qu’à l’intérieur la démocratie sera moins assurer. Nous pouvons donc facilement mesurer les progrès de la tyrannie que nous subissons par la violence que nous faisons subir.

Que ne ferait-on pour continuer de nous persuader que marché = liberté = démocratie? Équation parfaite de notre aliénation.

Si demain, la Turquie, l’Angleterre et la France attaquent la Syrie, pendant qu’Israël et les États-Unis attaquent l’Iran, nous serons certains d’avoir définitivement échangé la réalité démocratique contre sa fiction.

Adrien Royo

2 commentaires:

don Gerardo de Suecia a dit…

Saludos desde Suecia!

Adrien Royo a dit…

Un saludo tambien, don Gerardo.

Adrien