jeudi 1 mars 2012

Tâche ingrate, en effet.

Dans son discours inaugural de décembre dernier (cité par le Monde Diplomatique, ce mois-ci), Mariano Rajoy, président du gouvernement espagnol, disait : "Nous sommes confrontés à une tâche ingrate, comme celle de ces parents qui doivent se débrouiller pour nourrir quatre personnes avec l'argent pour deux." Sa langue a dû fourcher, il voulait dire: notre tâche est ingrate, comme celle de ces manipulateurs d'opinion qui doivent absolument faire croire qu'il faut continuer de nourrir une seule personne avec l'argent de quatre.

J'en ai marre de ces pères la morale qui trouvent toujours à culpabiliser les victimes et justifier les coupables. Que ceux qui ont commis les fameuses folies des trente dernières années, celles qui nous valent la crise actuelle, soient jugés pour leurs actes. Qui sont-ils, d'ailleurs, ces imprévoyants, ces cigales ayant chantées tout l'été? Sinon les dirigeants politiques, économiques ou financiers d'aujourd'hui qui parlent à longueur de journée de la folie et de l'imprévoyance des autres, comme s'ils revenaient d'un long séjour sur la Lune. J'ai rien vu, rien entendu, disent-ils, en appelant au sacrifice les victimes de leur incurie, quand ce n'est pas de leurs prévarications. Ils ont vécu au-dessus de nos moyens, et nous, pendant ce temps-là, bien en dessous.

Adrien Royo

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