lundi 14 décembre 2015

oh! les beaux jours!

Les électeurs de gauche, hier, ont fait leur devoir : redonner de la légitimité à la gauche. Les preux chevaliers républicains ont bouté les nationalistes hors des régions. Quelle victoire éclatante ! Ils ont élu Estrosi et Bertrand au nom de la morale et de la République. J'en pleurerais.

La preuve que l'abstention est inefficace en plus d'être anti-démocratique, presque criminelle même, c'est que, avec le vote, la gauche devient la vraie gauche, c'est-à-dire la droite.

L'abstention ne choisit rien dit-on, elle est le fait d'irresponsables. Si j'en crois la propagande acharnée de ces derniers jours, et les manœuvres auxquelles se sont livrés les états majors ploutocrates, elle serait tout de même assez efficace pour décider du sort d'un gouvernement. Si les électeurs ne s'étaient pas déplacés en masse au second tour de ces Régionales pour protéger de toute la vigueur de leurs votes la démocratie en danger, le bonheur et l'avenir de leurs enfants, la gauche était mourrue et la droite agonisante. Tandis que l'accomplissement du « devoir citoyen » aura permis un sauvetage inespéré des soldat Valls et consorts, leur permettant de préparer tranquillement les prochaines trahisons. Entre l'état d'urgence et Marine Le Pen, c'est vrai qu'il n'y a pas photo. Aujourd'hui, la culture, c'est la gauche au pouvoir qui la détruit, la liberté, c'est la gauche au pouvoir qui la réduit, la fraternité, c'est la gauche au pouvoir qui la méprise. Le FN aurait sans doute fait mieux, mais dans la même direction. Ceux qui n'ont pas l'impression aujourd'hui d'être les dindons de la farce, il n'y a pas grand chose à faire pour eux.

Ils auront quand même réussi cet exploit de donner la possibilité au Front National de se renforcer encore un peu plus, en restant à l'abri dans l'opposition, et de conforter sa position de seul recours face à tous les autres. Si Jean-Marie Le Pen avait été élu en 2002, je suis convaincu que son pouvoir aurait été de très courte durée, tellement à cette époque le FN était inapte à gouverner. Plus la situation deviendra critique, plus les frustrations s’exacerberont, et plus il aura de temps pour se préparer, plus il sera dangereux. Mais il est vrai que ces considérations ne valent rien devant les calculs politiciens de court terme qui ne visent qu'à sauver les meubles en manipulant l'électeur, et en criant chaque jour un peu plus fort au loup. Jusqu'à ce que ce loup ne fasse plus peur à personne et qu'on finisse par le préférer même au renard dans le poulailler.

En 2017, vous aurez encore à choisir entre la haine, la violence, et la République, et, puisque vous en avez pris l'habitude, vous voterez pour la République, la belle, la vraie, celle qui ne laisse personne sur le bord du chemin, celle qui s'occupe de tous à égalité, dans la fraternité.

Quelle époque bénie que celle qui voit des millions d'électeurs se précipiter comme un seul homme dans les tranchées de la démocratie apaisée. Sus à l'ennemi ! No pasaran !

Le scrutin d'hier apporte une nouvelle preuve de l'absolue nécessité pour la gauche d'avoir un Front National le plus haut possible. Sans lui, elle n'existerait plus. L'abstention lui donnait une énorme claque, le vote la revigore.

A ceux qui pensent avoir sauvé la République en allant voter, je dis qu'ils ne font que nourrir davantage les frustrations. En se déplaçant aux urnes hier, en répondant à l'appel des bonimenteurs du prolétarisme paroxystique, ils ont fait un pas de plus vers la Guerre Civile. Que croient-ils ? Que les électeurs du Front National vont disparaître, que les causes qui les ont jetées dans ses filets vont s'évanouir, que la politique de la gauche va s'infléchir, que la droite qu'ils ont élu les remerciera autrement que devant les caméras de télévision d'un dimanche soir d'élection, que la situation va s'éclairer, que ce qui rend en somme la politique actuelle obsolète apportera la lumière ?

Je crains fort que la victoire d'hier soit une fois encore une victoire à la Pyrrhus, qu'elle ait fait plus de morts qu'elle ne méritait. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, la politique du sauve-qui-peut, de la course en avant délirante ne pouvant qu'échouer, et le mépris de la demande symbolique allant de paire avec le rejet de l'offre politique qui l'exprime, le résultat ne peut être que catastrophique et l'avenir s'annoncer bien sombre.

Vous ne voulez toujours pas vous résoudre à l'abstention, vous aurez ce que vous avez choisi et qui se fera en votre nom. Vous avez une nouvelle fois, malgré tous les avertissements, signés un chèque en blanc ? Ne vous inquiétez pas, on en fera bon usage.

Objectivement, ce qui permet à ce personnel politique de ce maintenir au pouvoir, c'est d'un côté DAESH, de l'autre le Front National, avec au milieu le réchauffement climatique. Les attentats ont redorés le blason rouillé de Hollande, le Front National redresse le menton de Valls et le réchauffement climatique sort Fabius de son catafalque. Vive la catastrophe, alors !

Quand vous en aurez marre de vous faire les Charlies de tous les profiteurs de guerre, faites-moi signe !

Adrien Royo

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