mardi 8 décembre 2015

Aux pleureuses de la République et autres curés de la belle-pensée.

Amis de gauche ou de droite, pères-la-pudeur ou vierges effarouchées, moralistes de tout poil, démocrates de supermarché, je vous refuse le droit au monopole de la félonie. Outre les traîtres et les hypocrites, les xénophobes eux aussi ont droit à la pâtée.

Le chœur des pleureuses entame sa ritournelle : Oh ! Comme les électeurs ont mal voté ! Comme ils sont bêtes ! Qu'allez-vous faire ? Interner six millions d'électeurs avec vingt millions d’abstentionnistes pour crime de lèse-majesté, de mal-vote ou de non-vote? Il est vrai que les terroristes avait déjà réussi à la mettre entre parenthèse votre belle démocratie. Reste à l'abolir et à appeler les États-Unis au secours. Car seuls ont droit au label les traîtres de toujours, les cooptés, ceux qui font le travail des transnationales et des financiers depuis des lustres en prétendant défendre les intérêts des plus démunis, ceux qui ne peuvent que décevoir et ne doivent leur pouvoir qu'à la peur du diable. De là à prétendre que s'il n'existait pas il faudrait l'inventer, il n'y a qu'un pas de complotiste.

Vous êtes les nouveaux aristocrates, pleureuses républicaines de gauche ou de droite. Même les aristos pur jus vous dépassent aujourd'hui en honnêteté et en logique.

Le parti au pouvoir aujourd'hui est celui qui a fait monter le Front National. Et il n'est pas exclu qu'il trouve encore en son meilleur ennemi un allié objectif pour la prochaine présidentielle, comme il a trouvé en Daesh récemment un appui inespéré pour remonter du fond des enfers de la popularité sondagière. La diabolisation du FN constitue le seul programme de la gauche. Il est vital pour elle de le maintenir à un très haut niveau, tout en le conspuant pour la galerie. En vérité, le FN est l'assurance vie d'une gauche à l'agonie qui ne peut que foncièrement décevoir. Pourquoi ? Mais parce qu'elle est intrinsèquement, comme je ne cesse de l'expliquer dans ce blog, prolétariste, et donc constitutivement liée à la forme sociale de l'esclavage moderne. Elle a une plus grande responsabilité dans le malheur du temps parce qu'elle se réclame du changement, voire de la révolution, alors que la droite ne veut que gérer un état de chose qu'elle juge par ailleurs fort bon. La gauche ne peut que décevoir parce qu'elle représente le grand capital sous le masque de Che Guevara. L'hypocrisie de droite est puérile, mais la mauvaise foi de gauche est criminelle. On a lâchement abandonné Billancourt et c'est Billancourt qui serait ingrat. On a poussé les pauvres au désespoir et à la déréliction et on voudrait qu'ils se comportent comme les bobos dans leurs bibliothèques Rive-Gauche. C'est toujours le mépris du peuple qui se manifeste ainsi sous les dehors de la morale républicaine. Le peuple est populiste, voyez-vous Monseigneur ! Le peuple est sale et il vote mal, voyez-vous Monseigneur ! On pousse les gens dans les bras du FN en ne leur laissant que cet espoir et on les stigmatise ensuite pour ne pas avoir la décence d'attendre leur déchéance avec patience et sérénité. Toujours la même histoire finalement ! Le pauvre ne se comporte jamais comme les riches voudraient qu'il le fasse : avec respect et soumission. Ou bien au contraire, à un autre niveau de lecture, car la réalité est stratifiée, il se comporte exactement comme il est prévu, en déviant sa colère et la manipulant. Quoiqu'il en soit, ce n'est pas le pauvre qui est responsable, ce sont ses manipulateurs.

Belles-âmes de gauche, vous n'avez pas entendu le silence assourdissant des abstentionnistes, il vous faudra écouter le bruit des urnes pleines de vos déjections.

Je ne me réjouis pas de ce résultat. Je le trouve seulement logique dans le contexte que vous avez fabriqué.

L'espoir ne réside ni à gauche ni à droite, il réside dans la pensée des profondeurs et la capacité de faire entendre des voix nouvelles. Encore faut-il qu'on les laisse s'exprimer au lieu de hurler au scandale pour mieux les étouffer par la culpabilité, la peur ou le brouhaha médiatique entretenu autour de thématiques insignifiantes.

Vive le kunisme!

Adrien Royo 

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