dimanche 15 mars 2009

Citation kunique

"Notre époque accumule des pouvoirs, et se rêve rationnelle. Mais personne ne reconnaît comme siens de tels pouvoirs. Il n'y a nulle part d'accès à l'âge adulte: seulement la transformation possible, un jour, de cette longue inquiétude en sommeil mesuré. C'est parce que personne ne cesse d'être tenu en tutelle. La question n'est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d'une manière qui leur échappe.

En même temps, c'est un monde où nous avons fait l'apprentissage du changement. Rien ne s'y arrête. Il apparaît sans cesse plus mobile, et ceux qui le produisent jour après jour contre eux-mêmes peuvent se l'approprier, je le sais bien." (Guy Debord)

Anachronisme

Où l'on voit que les mentalités ont beaucoup évoluées:

"Le travail est en France d'un bon tiers meilleur marché qu'en Angleterre, car là les pauvres travaillent rudement et son piètrement nourris et vêtus; leur principale consommation est le pain, les fruits, les légumes, les racines, le poisson salé; ils mangent rarement de la viande, et, quand le froment est cher, très peu de pain. (...) Leur boisson se compose d'eau pure ou de pareilles liqueurs faibles, en sorte qu'ils dépensent étonnamment peu d'argent... Il est sans doute fort difficile d'introduire chez nous un tel état de choses, mais évidemment ce n'est pas impossible, puisqu'il existe en France et aussi en Hollande." ( Brochure d'un fabricant anglais du Northamptonshire du XVIIIe siècle citée par Marx).

"Si la Chine devient un grand pays manufacturier, je ne vois pas comment la population industrielle de l'Europe saurait soutenir la lutte sans descendre les salaires au niveau de ses concurrents." (article du Times du 3 septembre 1873 cité par Marx)

Valeur travail

La baisse du coût du travail, axe principal de tous les programmes politiques destinés à lutter contre le chômage depuis trente ans, recette unique du recyclage industriel des déchets de la révolution permanente, appliquée en période de crise depuis le début des temps capitalistes, revient à faire subventionné le travail par le salarié lui-même. Le but ultime étant, pour tous nos philanthropes, d'arriver à un coût zéro. Ils n'auront de cesse que le salarié paie pour travailler. Car le travail est une valeur suffisante en elle-même pour qu'on n'ait pas, en plus, à le rémunérer. Cinq ou six millions de personnes ne subventionnent pas assez les entreprises en France, c'est ce qui explique leur exclusion.

Ne dirait-on pas, depuis quelque temps, qu'une entreprise ne naît que pour créer des emplois, qu'un PDG ne dirige que par altruisme sacerdotal, et qu'un actionnaire n'actionne qu'en fidélité à l'esprit des Evangiles.

(1995) Un responsable de Renault reprochait aux salariés un matin, sur France-Inter, d'être passé d'une logique de partage du travail à une logique de partage des résultats. A cause de la conjoncture, le salarié doit choisir entre l'argent et la solidarité. Si, comme n'importe quel banquier, il choisit l'argent, c'est un criminel. "Comment! s'exclament les nantis, on ose camper sur ses cinq mille francs mensuels! On ne pense qu'à soi! Et les trois millions de chômeurs, alors?" Pas la peine d'aller au théâtre! On ne soupçonne pas la réserve de talents comiques que recèlent les bureaux présidentiels de nos grandes entreprises.

Qui dit abaissement des charges, dit baisse de salaire compensée par l'impôt; qui dit réduction du temps de travail, dit, le plus souvent, baisse de salaire tout court; qui dit temps partiel, dit baisse de salaire; qui dit contrat de réinsertion, dit baisse de salaire.

Miraculeusement, l'intérêt particulier se change en intérêt général pour les uns, et l'intérêt général se change en obligations et charges particulières pour les autres. Cette transmutation alchimique est le secret de la prospérité individuelle et la vérité cachée de la machine sociale.

Anachronisme

"La création du prolétariat sans feu ni lieu - licenciés des grands seigneurs féodaux et cultivateurs victimes d'expropriations violentes et répétées - allait nécessairement plus vite que son absorption par les manufactures naissantes. D'autre part, ces hommes, brusquement arrachés à leur conditions de vie habituelles ne pouvaient se faire aussi subitement à la discipline du nouvel ordre social. Il en sortit donc une masse de mendiants, de voleurs, de vagabonds. De là, vers la fin du XVe siècle et pendant tout le XVIe, dans l'ouest de l'Europe, une législation sanguinaire contre le vagabondage. Les pères de la classe ouvrière actuelle furent châtiés d'avoir été réduits à l'état de vagabonds et de pauvres. La législation les traita en criminels volontaires; elle supposa qu'il dépendait de leur libre arbitre de continuer à travailler comme par le passé et comme s'il n'était survenu aucun changement dans leur condition. (...) De ces malheureux fugitifs dont Thomas More, leur contemporain, dit qu'on les força à vagabonder et à voler, "soixante-douze mille furent exécutés sous le règne de Henri VIII"."

Ecrites par Marx dans la deuxième moitié du XIXe siècle, chacun pourra constater le manque de pertinence contemporaine de ces quelques lignes ! Qui oserait comparer, en effet, les Rmistes ou SDF d'aujourd'hui, avec les vagabonds d'hier?

samedi 14 mars 2009

Incessament

Bientôt, dans votre ville, des soirées "Kunik Propagande". Soirées propagande-performance-concert (PPC) destinées à faire connaître et apprécier le mouvement kunique. Suite aux prochains épisodes.

mardi 10 mars 2009

Intendance

L’économie, ce n’est jamais que de l’intendance. Comment subvenir à ses besoins vitaux ? Que dirait-on d’une armée dont le superintendant se ferait chef d’état-major, stratège, bouffon et aumônier ?

Il est toujours du plus haut comique d’observer l’attitude de compassion dédaigneuse, le regard presque effaré, du représentant de la fine fleur économico-politique, du cybernéticien humaniste, lorsqu’un petit exécutant quelconque se permet de proposer, au nom de la justice et de l’égalité, une inflexion radicale de la ligne convenue. Il y a des lois, voyez-vous, que l’on ne saurait transgresser sans risquer la barbarie ! s’égosille-il. C’est au nom de ces mêmes lois, pourtant, que ce représentant zélé, autorisait il y a peu, avec enthousiasme et sans états d’âmes, le démantèlement complet de l’industrie française traditionnelle. Mines, usines métallurgiques et textiles, fermèrent brutalement, sans que cette inflexion bien radicale, qui remodela de fond en combles le paysage économique national, obligeant une grande masse de salariés à chercher ailleurs leur pitance, ou à profiter d’une retraite anticipée, ne soit jugée violente et barbare. Restructuration, modernisation, adaptation, concurrence, étaient les maîtres-mots. Comme la crise actuelle, ces phénomènes « naturels » trouvaient leur source dans une météorologie supérieure. Or, la maîtrise de nos experts, par ailleurs universelle et infaillible, ne va pas jusqu’à cette météorologie-là. Ils se reconnaissent, au contraire, comme ses oracles. Il y a donc une certaine inflexion vertueuse : celle qui se plie aux exigences du capital, de la Chose, et une inflexion mauvaise qui ne dépend que d’une décision humaine collective. L’inflexion, ou la réforme, que la recherche du profit maximum alimente est bonne, quelles qu’en puissent être les conséquences désastreuses immédiates, celle qu’une volonté humaine soucieuse du long terme aurait à prescrire, est toujours, et, a priori, mauvaise. Autrement dit, le mouvement est bon s’il vient de la Machine, de la Chose, il est dangereux s’il vient de l’être humain. Nous vivons donc bien, pour le cas où certains ne l’auraient pas remarqué, à l’heure du libéralisme scientifique et collectiviste, qui n’est pas si éloigné du socialisme scientifique dans un seul pays. L’Etat, bras armé du Parti d’un côté, L’Etat, bras armé du Marché de l’autre. Deux entités jumelles pour un même monde d’objets interchangeables, où l’individu n’est réellement rien d’autre qu’un instrument du profit, ou de l’Etat, ou des deux à la fois.

lundi 23 février 2009

Mystique kunique




Théorie des trois corps :

Corps individuel - corps social - corps naturel ou cosmique.

Ces trois corps n'en forment qu'un, le corps social étant l'articulation des deux autres. Il fut le moins théorisé parce que le plus invisible dans une perspective englobante, étant le langage extériorisé du corps individuel. Aucune religion ne fait grand cas de lui, comme acune politique ne fait grand cas des deux autres et donc ne vise à leur union. Or, la réalité d'aujourd'hui présente le symptôme inquiétant d'une hypertrophie de cette articulation, ce qui menace d'interdire définitivement la naissance de l'individu véritable, unification consciente des trois corps. Un corps individuel sans corps social et naturel n'existe pas, mais il peut fort bien susciter en revanche une langagisation métastatique proliférante, un corps social pathologique, ruinant toute possibilité de corps intégré. Le corps social, ainsi, d'articulation devient obstacle. Au lieu de devenir le langage de l'intégration, il se boucle en mouvement tautologique avorteur. Et il se boucle ainsi parce qu'on le laisse faire. Et on le laisse faire parce qu'on ne le voit pas comme corps social, mais comme société, c'est-à-dire comme pure extériorité. Autant les liens du corps individuel avec le corps naturel paraissent évidents, autant ceux du corps individuel avec le corps social apparaissent comme secondaires, aussi secondaires que ceux du corps social avec le corps naturel. L'écologie est un effort pour penser tout cela, mais elle en reste au seuil de l'immense chantier à venir.