lundi 6 février 2012

Véhicules de profits

Une phrase clé de l’article précédent : « Les États doivent montrer leur capacité à absorber par le budget les pertes rachetées aux banques pour que les banques puissent allouer l’épargne au financement de la dette publique. »

Cette formule rend excellemment compte du jeu à double bande que jouent les élites mondiales aujourd’hui : les États sauvent les banques pour que les banques sauvent les États. Qui donc peut bien sortir gagnant d’une telle insanité, d’une circularité si diabolique ? Certes pas les peuples qui devront payer en dernière instance. Même pas les banques ou les États, d'ailleurs, simples pompes à fric, ou véhicules de profit, en cette occurrence, et dont on se débarrasse après usage, comme on se débarrasse d’une vieille voiture volée après un hold-up. Ces coquilles vides sont faites pour échouer un jour, comme des épaves, sur les côtes du rêve libéral de liberté individuelle, incarné désormais par un tout petit nombre de prédateurs apatrides. Rien de plus logique d’ailleurs pour une idéologie visant dès l’origine à la seule émancipation des élus, des prédestinés, et donc des très riches, en faisant croire à une volonté de libération humaine générale. Non, les seuls gagnants seront les intermédiaires, ceux qui n’appartenant ni aux unes ni aux autres, utilisent les organismes financiers ou étatiques, étatico-financiers maintenant, à leur seul bénéfice égoïste et irresponsable. Et ceux-là forment désormais un continent invisible, indépendant, isolé dans une tour de verre mondiale, et manipulant les États, comme les peuples et les entreprises, à seule fin de puissance. La formule qu’on prête à un membre de la dynastie Rothschild résume bien cela : « donnez-moi le pouvoir de créer la monnaie, peu importe alors qui écrira les lois. »

Les vautours qui se penchent actuellement avec avidité sur la Grèce sanguinolente, illustrent à merveille le propos. Réduisez votre peuple à l’esclavage, disent-ils à ses dirigeants incapables, ou bien nous vous retirerons le pain de la bouche ! Mais ce pain est également le poison. Ce sont bien des charognards qui attendent la mort de l’animal antique affaibli pour se jeter sur son cadavre et le dépecer.

Adrien Royo
 

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