dimanche 26 juin 2011

vandalisme légal

On focalise l’attention, en matière d’écologie des transports, sur les émissions de gaz à effet de serre. Mais, en réalité, la pression écologique exercée par une simple automobile est très loin de se résumer à ce qu’elle dépense et à ce qu’elle émet lors de son fonctionnement. Ce qui caractérise une voiture personnelle dans son rapport avec l’économie terrestre, c’est avant tout la masse énorme de ressources et de matières premières qu’elle représente d’emblée en tant qu’objet. Que l’on pense aux 4x4 par exemple. Ils ont beau avoir le label Ecoplus et je ne sais quel autre marquage écologiquement correct, il n’en reste pas moins que leurs propriétaires urbains accaparent pour leur agrément personnel des kilos de matières premières communes. Ce procédé a beau recevoir l’aval, et même la bénédiction, d’une société tout entière prise dans une logique aberrante de rentabilité, il entre très exactement dans la catégorie du vandalisme. De sorte que, même s’ils émettaient zéro gramme de CO2, il ne serait pas moins absurde et irresponsable de continuer à produire et à acheter en masse des objets en eux-mêmes si scandaleux.

Le vandalisme de banlieue n’est rien comparé au vandalisme légal à grande échelle que nous cautionnons chaque jour sous le nom de croissance. Ceux qui se persuadent de son irrévocabilité, ne peuvent pas nier pour autant le saccage afférent. Et s’ils sont prêts, en connaissance de cause, à en payer le prix pour eux-mêmes et pour leurs descendants, encore faudrait-il qu’ils s’assurent, s’agissant de dommages possiblement irréversibles et concernant chacun, de l’adhésion de tous.

En langage kunique, on résumerait de la manière suivante: Certains corps individuels accaparent une partie démesurément grande de leur corps social partagé, sans que jamais le droit en cette matière n'ait été démocratiquement discuté. De la liberté d'entreprendre, découle-t-il nécessairement, en droit public, la liberté de spolier?

Adrien Royo

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