mardi 31 mai 2016
lundi 23 mai 2016
jeudi 14 avril 2016
Exercice de lucidité par l'association Pièce et Main d'oeuvre. Nous sommes encore trop peu nombreux.
Postures et impostures : au Grand Guignol de la Gauche (Leur « antifascisme » et le nôtre)
mercredi 20 mars 2013 par Lucien
LUCIDE, un collectif de 17 organisations iséroises, vient de nous lancer un appel à la "lutte contre les idées d’extrême-droite". Lucien lui répond ci-dessous.
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La gauche dans toute sa décomposition vient de pousser un appel à la « lutte contre les idées d’extrême-droite » (Voir http://grenoble.indymedia.org/2013-03-14-Lancement-LUCIDE-LUtte-Contre-les). Il n’y manque ni la gauche d’Etat, ni la « gauche de gauche », ni la caution soi-disant « libertaire », ni les satellites syndicaux et associatifs, en attendant les autres signatures sollicitées.D’un point de vue historique, toujours un peu risible pour les fanatiques du présentisme, de l’amnésie et de la mémoire courte, les partis à la manœuvre (PCF, PG, NPA, PRCF), sont les héritiers résiduels des bolcheviques des années vingt, trotskystes ou staliniens, mais tous également fusilleurs d’ouvriers, de paysans et d’intellectuels rebelles à leur dictature. Ils sont, même s’ils feignent de l’oublier et tâchent de le faire oublier, ce qui reste de l’une des deux grandes monstruosités terroristes et totalitaires du XXe siècle. Les similitudes et les complicités de ce communisme avec son frère ennemi fasciste – y compris en France -, sont trop nombreuses et trop connues pour qu’on les détaille ici. Voyez les historiens.
Du point de vue actuel et local, cet appel rassemble platement, sempiternellement, tout le panier de crabes et de pensionnaires de la Maison des Associations, des plus encroûtés aux plus godelureaux, toujours prêts à outrer leur propre caricature. Dans un langage kitch qui ne lésine ni sur le ventre fécond de la Bête immonde, ni sur les heures les plus sombres de notre Histoire, ces farceurs nous rejouent, une fois de plus – mais sur le mode burlesque - la tragédie des années trente, avec chantage et parodie de Front Populaire « sans faille, pour juguler les forces mortifères des droites extrêmes » etc.
Et parce qu’ils n’en font jamais trop, c’est « le jour anniversaire de l’adoption du programme du Conseil national de la Résistance (15 mars 1944) » et « au square des Fusillés, symbole de la Résistance iséroise », que ces néo-résistants lancent leur « appel ». Et de poser en rang d’oignons pour Le Dauphiné libéré (16 mars 2013). Le Daubé, issu comme eux de la Résistance. C’est normal, entre « résistants », on s’entraide.
Cette bouffonnerie de diversion vise à occulter :
1) Que la gauche progressiste, dans son ensemble, au gouvernement ou ailleurs, est incapable d’appeler un chat un chat ; ni de nommer l’effondrement écologique et social de la société industrielle à l’ère du techno-capitalisme mondialisé.
2) Qu’elle n’a d’autre programme que la poursuite du désastre par « l’innovation », la fuite en avant technologique, et « la planification écologique », l’instauration d’un « capitalisme vert » - et fascisant celui-ci -, sous dictature technocratique, afin « d’optimiser la gestion des ressources » (cf. Ecologie et Liberté, André Gorz, 1977 et Le Feu vert, Bernard Charbonneau, 1980).
3) Qu’en attendant cette douteuse issue de secours et « le retour à la croissance » qui en devrait découler, c’est au peuple que la gauche progressiste et ses branquignols « antifascistes » extorquent le prix de leurs délires économistes. Le « retour à la croissance » - et à la consommation - ne ferait que précipiter la vraie crise, la crise écologique, humaine et anthropologique, où nous sombrons de décennie en décennie. Sur cette terre finie que l’industrie et « l’économie réelle » ont dévoré en 200 ans et où les scientifiques s’efforcent maintenant de produire toutes sortes d’ersatz de matières premières.
4 ) Que les éléments d’un « fascisme » contemporain ne résultent pas des menées d’un parti nationaliste, légaliste et électoraliste, fut-il agité de courants conservateurs en matière de mœurs, et autoritaire au plan politique, mais bien de ce que la presse et le tout-venant nomment « Big Brother ».
En clair, il est vain de s’horrifier de tout ce que le Front National pourrait faire des technologies de contrôle, de surveillance et de contrainte développées depuis la Deuxième guerre mondiale par la rationalité technocratique et le progressisme scientifique et politique. L’effet de ces technologies est précisément de périmer le Front National (ou tout parti « fasciste »), en tant qu’instrument de maintien ou de retour à l’ordre. La technologie est la poursuite de la politique par d’autres moyens. Et tous les partis – mais surtout les socialistes, les verts, les communistes - représentent la technocratie, classe dominante du capitalisme à l’ère technologique, et rivalisent pour la représenter. L’horreur, c’est l’omnipotence et la banalisation de ces technologies de contrôle, de surveillance et de contrainte ; la vélocité de leur invasion depuis un demi-siècle ; et la soumission qu’elles ont, dans l’ensemble, rencontrée. Et pourtant, comme le bégayent nos « résistant-e-s », « aucun-e citoyen-ne ne pourra plus dire « je ne savais pas », ne pourra plus rester en dehors de la lutte déterminée contre l’extrême-droite. » Avec de tels « antifascistes », le techno-capitalisme n’a que faire de « fascistes » dont quelques traits arriérés pourraient, au contraire, freiner la ruée triomphale du Progrès.
A Grenoble et en Isère, quel « citoyen » peut dire « qu’il ne savait pas » le maître-rôle joué par les appareils de gauche, leurs scientifiques, ingénieurs, techniciens, cadres, leurs chefs et militants dans l’essor du nucléaire, de l’informatique et des nécrotechnologies en général ? Lequel peut dire « qu’il ne savait pas » le nombre de communistes infestant EDF et le CEA ? Le nombre de « gens de gauche » dans les laboratoires et centres de recherche ? Le nombre « d’entrepreneurs de gauche » ou « citoyens » issus de ces laboratoires, fondant leur start-up sur leurs brevets de recherche et leurs partenariats avec l’armée ? Mais qui ignore que cette technocratie militante, qui a fait le plein du mouvement corporatiste « Sauvons la recherche », il y a quelques années, est le front de gauche, le front marchant du capitalisme contemporain et de « l’économie de la connaissance » ? Qui ignore ses performances en matière de « création de valeur », d’extorsion de plus-value, de « pôles de compétitivité », de robotisation et de déshumanisation ?
A Grenoble et en Isère, qui a vu cette « gauche antifasciste » combattre l’identification et la traçabilité universelle, la biométrie, les fichiers et la vidéosurveillance (optimisés grâce aux chercheurs des labos et boîtes iséroises), les puces RFID fabriquées notamment chez STMicroelectrics à Crolles, la géolocalisation, les implants neuro-électroniques de Clinatec ? Personne, et pour cause : les concepteurs et les opérateurs de ces innovations mortifères sont les suiveurs et les meneurs de cette « gauche antifasciste ». La semaine, ils produisent le techno-flicage, le samedi, ils manifestent contre « les idées de l’extrême-droite ».
C’est à Fontaine, Echirolles, Grenoble, municipalités communistes et « gauche plurielle », qu’on implante la vidéosurveillance de la population. C’est dans toute l’Isère qu’on suit à la trace ses déplacements – via ses cartes Ourà et Avantag, équipées de mouchards électroniques. C’est à Grenoble, ville « résistante », qu’on teste le compteur électrique « intelligent » Linky, qui surveille nos activités domestiques minute par minute. Mais combattre la tyrannie technologique dans la ville qui la produit, est politiquement et électoralement moins rentable que de pourfendre « le spectre national-socialiste » (dont on ne saurait mieux dire qu’il s’agit d’un fantôme).
« Citoyens » et « résistants », encore un effort pour être lucides.
Lucien (Lutte contre l’ineptie et les nuisances)
dimanche 20 mars 2016
mercredi 9 mars 2016
mercredi 23 décembre 2015
prolétarisme nouménal
Au-delà
des absurdités énoncées chaque jour par les uns et par les autres
concernant le Front National et l'extrême-droite en général, je
voudrais préciser les choses encore une fois.
Ce
que nous devons avoir constamment à l'esprit tout d'abord, si nous
voulons comprendre quelque chose à ce qui se passe dans la vraie
vie, et si nous voulons réellement échapper au déterminisme
prolétariste, c'est que l'extrême-droite, qui se subdivise en
diverses variantes allant du vrai fascisme au conservatisme
traditionaliste, n'est qu'un des produits de la recherche désespérée
d'une troisième voie entre libéralisme et communisme. Troisième
voie recherchée fort légitimement après les expérimentations de
tous ordres menées tout au long du XXe siècle, mais qui
malheureusement n'existe pas. Non pas que les deux pôles
antagonistes soient indépassables, mais tout simplement le terrain
de réflexion, l'étage du millefeuille sur lequel nous nous situons
généralement pour penser la société, n'est pas le bon. Au niveau
du prolétarisme protéiforme où nous nous agitons, tout n'est que
piège à conscience et miroir aux alouettes.
Pour
mieux faire comprendre ce que je veux dire, je soumets à la sagacité
de chacun une nouvelle grille d'analyse et un nouveau répertoire des
forces politiques en présence.
Selon
la nomenclature politique classique française, il est convenu de
diviser le champ politique entre légitimistes, orléanistes et
bonapartistes. Selon la classification moderne, il se partagerait
entre révolutionnaires, sociaux-démocrates, libéraux,
conservateurs et autoritaires traditionalistes. Selon la mienne,
étant entendu que le vrai clivage, comme je ne cesse de le répéter,
oppose les prolétaristes (fort nombreux) et les anti-prolétaristes
(quasi inexistants pour le moment), et sachant que tous les éléments
des précédentes nomenclatures sont dans le camp prolétariste sans
aucune exception, le terrain politique se divise plutôt en deux
branches uniques mettant aux prises prolétaristes conséquents d'un
côté et prolétaristes inconséquents de l'autre. Prolétaristes
conséquents, libéraux et socio-démocrates, acceptant dans les
grandes lignes les conséquences du mode de civilisation actuel,
prolétaristes inconséquents, révolutionnaires ou fascistes
invétérés, refusant ces mêmes conséquences sans rien comprendre
toutefois au processus global qui les provoque. Prolétaristes contre
prolétaristes de toute manière. Et donc rien qui puisse dessiner
une perspective réelle d'émancipation.
Tout
se passe comme s'il existait deux mondes parallèles et superposés,
dont le premier, le plus perceptible intuitivement, n'aurait aucun
effet sur le deuxième, tandis que le deuxième, le plus invisible
et contre-intuitif, déterminerait l'ensemble.
Ce
qui arrive dans le premier, le monde social qu'on pourrait appelé
phénoménal, reste enfermé dans le jeu des faux-semblants et de
l'illusion, tandis que ce qui arrive dans le second : le social
nouménal, produit le véritable enchaînement des causes et des
effets. Dans le phénoménal : le superficiel, la guerre, les
oppositions factices, les antagonismes de façade ; dans le
nouménal : le vrai clivage et les déterminations essentielles.
Dans le phénoménal, la lutte des classes, la guerre entre fas et
antifas, les débats picrocholins et les apories idéologiques ;
dans le nouménal, le choix de civilisation avec son partage entre
humains à naître et non-humains. Le phénoménal, tout le monde
s'en occupe. Le nouménal, personne ne s'y intéresse.
Le
terrain politique spectaculaire et quotidien (phénoménal social), à
partir duquel on nous demande de nous déterminer, ne représente que
l'aménagement décoratif du prolétarisme, ses multiples choix
cosmétiques, rouge, bleu, noir, avec ses luttes à mort parfois
entre les différents architectes d'intérieur. Choix insignifiants
en vérité, même s'ils peuvent avoir des conséquences dramatiques
sur le moment pour ceux qui les subissent.
Comprenons,
à partir de ces considérations nouvelles, que les oppositions
actuelles à l'extrême-droite ne font que la nourrir en alimentant
le creuset paradoxal où elle prend ses racines. Telle un Phénix
renaissant de ses cendres, elle rejaillit partout où sont niées les
causes véritables de sa vitalité, à savoir les violences
symboliques du prolétarisme incompris, dégradées par la pensée de
gauche en simples rapports économiques ou sociaux, et résumées
dans le vocable fourre-tout : capitalisme.
Ce
n'est pas à partir des Droits de l'homme ou d'une quelconque morale
républicaine qu'il faut raisonner, mais à partir des considérants
prolétaristes profonds, sous peine de voir se reproduire sans fin
les mêmes oppositions factices permettant au système profond de se
maintenir.
Notre
civilisation est profondément la civilisation du leurre et du
mensonge. Accepter ses clivages superficiels revient à perpétuer le
mensonge. L'opposition la plus utile à la machine socio-économique
autonome, est celle qui provoque le plus de bruit et de fureur :
l'opposition extrême-droite/extrême-gauche. C'est pourquoi je
propose de la refuser en bloc et de chercher un autre point de vue.
Ce qui veut dire : ne pas entrer dans le jeu, ne pas alimenter
la guerre, à partir de l'un ou l'autre camp, et se concentrer sur
l'essentiel, à savoir l'analyse du prolétarisme lui-même dans
toute sa complexité souterraine.
Adrien Royo
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