mercredi 2 mai 2012

A Seux qui nous nargue

Le mois de mai commence fort. Tous autour de la valeur travail, syndicats et politiques, anarchistes et sarkozystes, la gauche et la droite.

Tous célèbrent sans le savoir le travail de la valeur en eux et par eux. Le Capital, dans son mouvement d'auto-valorisation travaille tout seul en vérité à la création de la valeur et supprime à cet effet, paradoxalement, mais nécessairement et suicidairement à la fois, les travailleurs eux-mêmes, dont il a pourtant besoin, qu'il remplace par des machines. Et ce que demandent les travailleurs, c'est de se faire toujours plus machines pour sauver leur vie. La fête du travail, c'est la fête du Capital. Ni la gauche ni la droite, ne peut comprendre cela.

Quant à Dominique Seux, de France Inter et des Echos, que comprend-il ? Rien. Que le courage est l'apanage des matamors de cour de récréation, toujours prêts à s'attaquer aux plus faibles pour se faire valoir aux yeux des médiocres. C'est le courage des Versaillais pendant la Commune, le courage de Thiers massacrant la plèbe pour soutenir la Banque de France. C'est le courage des multinationales et de la BCE, celui de Goldmann Sachs ou de Tepco, le courage des puissants dans l'exercice de leur concussion, le courage des intérêts particuliers dressés contre l'intérêt général. Il n'a pas dit ce matin sur France Inter que la CMU (la couverture maladie universelle) était une mauvaise mesure votée par la gauche, non, mais il a dit que la mesure était peu courageuse puisqu'elle défendait les pauvres. Tandis que la baisse des impôts des plus riches, ça oui, c'est du courage. Est courageux pour ce monsieur, visiblement, tout ce qui va aux puissants, et un peu lâche tout ce qui va aux faibles. Curieux tout de même que la vertu politique devienne le monopole des privilégiés. Aux âmes bien nées évidemment le vrai sens des responsabilités nationales, comme toute l'histoire nous en montre des traces insignes, le vrai courage qui consiste toujours bizarrement à sacrifier les autres sur l'autel de la nécessité. N'est-ce pas merveilleux que l'intérêt général se confonde toujours si parfaitement avec les intérêts privés bien pensés ? Quels sont les intérêts privés de ce monsieur, d'ailleurs?

Ce qu'il dit sans même s'en rendre compte, c'est qu'il n'y a plus de morale ou de solidarité qui vaille sous la tempête. Chacun pour soi et Dieu pour tous. Certains pourraient alors en tirer la conclusion fort fâcheuse qu'il serait temps de rétablir la guillotine pour tous les privilégiés. Au nom de quelle valeur, dans ce cas, sauverait-il sa tête? Au nom de la loi du plus fort?

Le peuple est sauvage, c'est bien connu.

Adrien Royo

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