vendredi 9 janvier 2009

Le kunique soutient l'idée que je est la société, que le moi est fondamentalement social, qu'il n'y a pas d'individu avant le groupe, que la coexistence précède l'essence. De là qu'il se reconnaisse comme anti-artiste. Car l'artiste est devenu le héros d'une civilisation de l'atome humain chutant dans la géhenne sociale. Il sert de caution et d'alibi à toute l'opération de négation humaine en quoi consiste notre monde, et que l'on nomme humanisme. Faisant de l'individu une abstraction, une idée, une pure forme en chute libre, cet humanisme-là ne peut que détruire la promesse concrète d'une naissance. C'est pourquoi nous appelons cette civilisation, une civilisation avorteuse. Elle empêche la naissance de l'individu par déni de ce qui le constitue. L'artiste est la figure héroïque de ce monde de fantômes errants. Et l'inflation artistique actuelle avère rétrospectivement la prophétie d'Arthur Cravan: "Il n'y aura bientôt plus que des artistes dans les rues de Paris, et nous aurons toutes les peines du monde à y trouver un homme." Que l'on pense à Diogène avec sa lanterne, se promenant dans les rues d'Athènes, et l'on verra si notre démarche n'est pas kunique.

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