mardi 26 août 2008

Le libéralisme est un collectivisme

Le capitalisme est une organisation sociale reposant sur l’intensification du capital, c’est-à-dire de la survaleur collective, par appropriation privée. L’inégalité créant les conditions de stress nécessaires à cette intensification maximale. Un anti-capitalisme qui ne voudrait pas supprimer la survaleur, créerait une survaleur étatique, c’est-à-dire un contrôle collectif bien proche de celui auquel les sociétés capitalistes « pures » finissent par aboutir. La liberté s’autodétruit nécessairement par augmentation conjuguée du stress et du contrôle obligatoire de celui-ci. Le collectivisme libéral (qui fait de tout individu libre un soldat au service de son économie) rejoint au final le collectivisme marxiste qui fait de tout citoyen un outil non moins militaire de sa machine économique. Le second étant d’ailleurs depuis toujours le rêve inversé du premier et son aboutissement. Marx avait donc raison, mais peu l’ont compris, et les marxistes moins que les autres. La tragédie du capitalisme, c’est qu’il supprime tout hors-champs et qu'il devient un instrument d’intégration absolue. Il reste néanmoins une création collective humaine, une œuvre d’art sociale. Ce qu’il faut interroger, ce n’est donc pas sa structure externe ou ses conséquences, dans un souci moral, mais la dynamique profonde, le ressort métaphysique de sa création. Il ne suffit pas de comprendre la civilisation de la marchandise comme un organisme polémique où s’affrontent des intérêts matériels, il faut également comprendre de quelle manière la marchandise répond à nos désirs individuels cachés et paradoxaux ; de quelle façon, en somme, nous créons collectivement tous les jours ce monstre là et pas un autre.

Le kunisme n’est rien d’autre qu’une tentative artistique de confrontation à ce questionnement et la recherche d’une alternative métaphysique. Le concret n’est pas concret et l’abstrait n'est pas abstrait. Comme le matériel n’est pas matériel et le spirituel pas spirituel.

Le cynisme est croyance en un savoir absolu, effort inconscient pour tuer le monde et son mystère. Il aboutit nécessairement au meurtre de l’individu lui-même, à son suicide invisible. L’individu conservera peut-être ses caractéristiques superficielles, mais sera vidé de toute consistance. Il existera mais ne consistera plus ni en liberté ni en conscience. Le cynisme ainsi compris est bien le moteur métaphysique du capitalisme, qu’il soit libéral ou étatique ou les deux à la fois. Pour l’exhiber et le combattre, voici une nouvelle arme : le kunisme.

Adrien Royo

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