mercredi 30 novembre 2011

Il est probable que l’euro ne passe pas l’hiver. Personnellement, je ne le pleurerai pas. J’avais voté non au Traité de Maastricht parce qu’il me semblait que l’on mettait la charrue économique avant les bœufs démocratiques, j’avais voté non au Traité constitutionnel parce qu’il faisait de cette charrue mal placée une charrette à bras pour transporter les moutons à tondre. La charrette fut remplacée au parlement par des wagons à bestiaux appelés Traité de Lisbonne. Au bœuf démocratique, le peuple, on ne demandait l’avis que pour s’assurer qu’il avait bien compris le message oligarchique, qu’il était bien devenu mouton. S’il répondait selon le dogme, on le félicitait avant de le tondre, si, mal conseillé, il s’en écartait, on le tondait quand même après l’avoir morigéné.

Bête comme il est, le peuple a parfois du mal à comprendre qu’on le spolie pour son bien. C’est pourquoi, il faut lui envoyer les technocrates, c’est-à-dire les experts en sophismes, pour lui inculquer la vérité révélée : le mal c’est le bien, le vole c’est le progrès, l’injustice c’est le bonheur. Les technocrates sont les seuls à pouvoir se tromper tout le temps en n’ayant jamais tort. C’est pour cet exploit toujours renouvelé que les oligarques les payent grassement. Pour leur faculté à proférer des insanités sans jamais perdre de leur aplomb et de leur morgue. Populisme est actuellement le mot sésame qu’ils répètent à l’envi comme un mantra pour éloigner le peuple de ses démons : la justice, la vérité et l’espérance. Populisme serait le contraire de démocratie. Mais, si la démocratie réelle (comme on disait socialisme réel du temps de Staline) prouve chaque jour son inversion, il ne faut pas s’étonner que son contraire commence à devenir désirable. Le mot ayant été confisqué et désignant maintenant le contraire de ce qu’il signifiait, peut-être que le contraire de ce qu’il désigne signifie réellement ce qu’il est. Le populiste étant pour le technocrate celui qui écoute le peuple, il avoue ainsi que sa démocratie le méprise. Et en effet la technocratie, qu’elle soit verte, rose ou bleue, est fondée sur l’idée que le peuple ne peut pas savoir ce qui est bon pour lui. Et quand, par-dessus le marché (ou plutôt bien dedans), les ploutocrates la domine, elle est aussi capable de le convaincre qu’il est bon pour lui de mourir de faim.

Adieu, l’euro, donc ! Et vive le peuple !
Adrien Royo
         

lundi 28 novembre 2011

"Moins d'Etat dans les affaires et plus d'affaires dans les Etats" était l'un des slogans de Calvin Coolidge, 30e président des USA. Pionnier de la dérégulation, il mit ses principes du laisser-faire en œuvre 6 ans avant la grande crise de 29. Il fut élu en 1923. Il ne manqua pas d'imitateurs zélés partout dans le monde. Il n'entendait cependant pas les affaires au sens que lui donnent aujourd'hui les escrocs mondialisés.  

mardi 22 novembre 2011

La dette crée le déficit

Actuellement, ce n'est pas le déficit public qui crée la dette mais bien l'inverse. Le service des intérêts de la dette, et pas de la dette elle-même, représente chaque année en France l'équivalent des recettes de l'impôt sur le revenu. Si les intérêts augmentent encore, comme il est prévisible, les déficits se creuseront à un rythme géométrique, et les français non-créanciers, donc non détenteurs de capitaux et d'épargne, donc les plus pauvres, passeront à la caisse d'une manière ou d'une autre. "Travailler plus pour gagner moins et payer la dette des banques", sera donc le slogan implicite de tous les candidats à l'élection présidentielle qui ne seront pas décidés à rompre avec la logique monétaire présente. Tout ceux qui préconiseront des coupes budgétaires ou des économies draconiennes sous prétexte de gestion saine (bons pères de famille, fourmis prudentes, etc), endosseront le costume de kapos des camps de concentrations pour pauvres que deviendront les États sous régime oligarchique mondialisé. Si des économies doivent être faites, qu'elles portent sur les créanciers et les spéculateurs. Et qu'on ne viennent pas nous dire que ceci amènerait la dépression ou le chaos. Les maîtres du chaos tiennent déjà le haut du pavé. "Qu'ils s'en aillent tous!" Ave Imperator, morituri te salutant! Les bons pères de famille sont ceux qui s'occupent de leurs enfants, y compris des plus faibles, pas ceux qui jouent au casino avec l'argent du ménage. Et les fourmis amassent des vivres en prévision des jours froids, elles ne placent pas leurs biens sur les marchés à risque. Que les bons père de famille et les fourmis du gouvernement enlèvent leur masque et cessent de nous faire la morale. Ça devient insupportable. La morale qu'ils appliquent derrière leur phraséologie sophistique c'est la racaille des quartiers qui la comprend le mieux : chacun pour soi et Dieu pour tous. A quand un chef de racaille premier ministre? Le kärcher, c'est dans les conseils d'administration et les salles de marché qu'il faudrait l'utiliser. Du paradis, nos élites ne connaissent plus que la version fiscale terrestre. Qu'ils arrêtent de prier autre chose que Mammon! Attention, les fraudeurs pauvres! les oreilles vont vous cuire en 2012, foi de Sarkozy! Criminels riches, restez sur vos transat! On ne mord pas la main qui vous nourrit.

Adrien Royo

vendredi 18 novembre 2011

Intérêt principal

En étudiant cet été la manière curieusement simple et inattendue de fabriquer de la monnaie à partir de rien, à partir d’une promesse, d’une banale reconnaissance de dette, je n’avais pas mesuré encore l’importance de l’intérêt, pierre de touche de l’édifice, élément central du processus mondialisé d’asservissement. Je l’avais bien lié au concept de surtravail cher à Marx, mais un autre aspect, plus intrinsèquement coercitif, m’avait échappé.

En deux mots : au moment de l’acceptation d’un prêt, seul le principal de la dette est créé, pas l’intérêt. Ca n’a l’air de rien, mais nous touchons là au secret de la guerre généralisée de tous contre tous.

Contrairement à ce que l’on croit d’ordinaire, ni l’Etat ni les gouvernements ni les banques centrales ne créent la monnaie. Du moins pas la totalité de la monnaie. Pas même sa plus grande partie. En réalité, 90% de la monnaie en circulation, monnaie scripturale, est créée par les banques privées au moment de l’acceptation d’un prêt, quelle que soit la nature de ce prêt. Et même si légalement, ces banques sont tenues d’avoir en réserve un certain pourcentage (8%) du capital prêté, il faut bien comprendre qu’elles créent cette monnaie scripturale (lignes d’écriture sur un livre de compte informatisé) à partir de rien. Il s’agit purement et simplement d’une génération spontanée. Vous empruntez 10 000 euros pour achetez une voiture. La banque inscrit le nombre 10 000 à la colonne passif de sa comptabilité (ce qu’elle vous doit) et inscrit la même somme en face, à la colonne actif (ce que vous lui devez). 10 000 moins 10 000 étant égal à zéro, les comptes sont à l’équilibre. Cette banque vient de créer 10 000 euros de monnaie. Au fur et à mesure de vos remboursements, le volume de monnaie disponible diminue et, à l’occasion de votre dernier remboursement, elle retourne dans les limbes. Ce qui veut dire que si tout le monde remboursait ses emprunts en même temps, il n’y aurait plus de monnaie en circulation.

Alors, quid des intérêts ? La monnaie correspondante n’ayant pas été créée, il faut bien qu’ils soient prélevés quelque part. Or ce quelque part ne peut se trouver que dans la masse monétaire en circulation au moment du paiement. Il s’ensuit qu’à cause des intérêts, il y a toujours moins de monnaie en circulation que d’argent nécessaire au remboursement de la dette globale : intérêts plus principal. Par l’intérêt, on organise donc la rareté. Intérêts et principal doivent être payés au moyen du seul principal disponible. Mais que se passe-t-il lorsque beaucoup d’individus ont besoin en même temps d’une chose qu’ils ne peuvent trouver en quantité suffisante ? Ils luttent contre tous les autres pour ne pas en manquer. Voilà donc le secret de la compétition, de la concurrence généralisée, de la lutte pour la survie dans les sociétés d’abondance : tout le monde se trouve en concurrence avec tout le monde pour le remboursement des intérêts de sa dette. Sort commun renforcé par le blocage des salaires et le chômage de masse qui poussent à emprunter pour survivre. Cela revient à jeter quelques billets de banques au milieu d'une foule d’affamés. Chacun se battra pour en attraper le maximum aux dépends du voisin. L’essentiel étant de se tirer d’affaire individuellement. Tant pis pour les autres. Au lieu de mettre l’accent sur la coopération, ce système stimule, ou crée de toute pièce, des réflexes de peur et de violence. C’est la fabrication industrielle de l’égoïsme et du cynisme qui est ici énoncée. La division en est l’aboutissement. Il s’agit donc d’un processus diabolique. Si le symbole réuni, le diable (diabole) divise pour mieux régner. L’intérêt pourrait donc être vu comme l’outil social du diable. Dans ce cas, la spéculation sur les intérêts des intérêts serait le comble du satanisme, son apogée.

Le kunisme, aidé en cela par les chercheurs de la permaculture, qui insistent sur le travail de coopération dans les écosystèmes naturels, démontrant qu’il n’y a pas de fatalité à la lutte individuelle pour la survie, est la résistance à ce processus.


Adrien Royo

mercredi 16 novembre 2011

Le travail de Dieu

Le directeur de la banque américaine toute puissante Goldman Sachs, Lloyd Blankfein, se plaît à dire qu’il fait le travail de Dieu. Je ne sais pas, pour ma part, s’il fait le travail de Dieu, Dieu ne m’ayant rien dit à ce sujet, mais je suis sûr qu’il fait en toute légalité un travail d’escroc. Escroc, lorsqu’il incite ses clients à acheter des produits sur lesquels il va ensuite parier à la baisse; escroc lorsqu’il manipule les prix des matières premières ; escroc lorsqu’il condamne des pays entiers, voire des continents, à la misère ; escroc lorsqu’il place les siens aux postes clés de l’administration publique américaine ou aux postes de direction des affaires européennes (récemment Mario Monti en Italie ou Mario Draghi à la BCE).

La crise, dite de la dette, directement liée à la spéculation des institutions surpuissantes que sont devenues certaines banques, a plusieurs fonctions. La première est très certainement de faire grossir la dette pour augmenter les possibilités d’enrichissement. Appelons-la fonction génétique ou spéculative dans la mesure où le tropisme « faire de l’argent à tout prix et quelles qu’en soient les conséquences à l’échelle humaine » fait partie intégrante de leur nature. La deuxième fonction est de réduire à néant le peu de pouvoir politique restant. Pouvoir national pseudo-démocratique dont il faut éliminer les vestiges. On ne sait jamais, les peuples pourraient exiger des contrôles, des régulations, ou des condamnations pour les délits et crimes en tout genre perpétrés à l’ombre de la loi des marchés. Fonction préventive. La troisième, pourrait être de s’approprier définitivement tout l’espace économique en avalant les morceaux tout saignants des services publics et sociaux encore debout. Il s’agirait « d’inciter (obliger) les pays qui en possèdent encore, à se débarrasser définitivement de leurs derniers « services publics », à les vendre, qu’il s’agisse de réseau de transports, de distribution d’énergie, d’acheminement du courrier, de la santé, de la protection sociale, etc. Une vente qui les rendrait miraculeusement rentables au dépend du "service" rendu. La privatisation et la réduction des déficits font partie des conditions pour « aider » des pays ou garantir leurs dettes. ». Fonction impérialiste. La quatrième et dernière fonction, la fonction oligarchique, vise le contrôle et l’asservissement des pauvres (80% de la population), hébétés par la violence et l’ampleur des attaques. Il s’agirait « d’inciter (obliger) les salariés à accepter de plus en plus de « souplesse », de plus en plus de « flexibilité » et de moins en moins de protection sociale. »

Si cela est le travail de Dieu, je n’ose imaginer ce que pourrait être celui du Diable.

Adrien Royo

samedi 12 novembre 2011

Sentinelle du peuple


Que nous apprennent des sentinelles du peuple comme Etienne Chouard ? Que les marchés, c’est-à-dire les banques, les organisme financiers, les investisseurs, les riches, créent de la dette pour fabriquer de la monnaie artificielle (non référée à l’or ou à l’argent), de la monnaie de singe, moyen de spéculation. Qu’ils jonglent ensuite avec cette monnaie scripturale (écriture sur une ligne de compte) par élaboration de produits financiers toujours plus sophistiqués, risqués et rentables. Que leur intérêt bien pensé est donc de créer de l’endettement, qu’il soit public ou privé. Plus grande est la dette globale, plus il y a de monnaie en circulation et plus il y a de possibilités de s’enrichir. Qu’à cette fin, tous les moyens sont bons : s’arroger le monopole de la création monétaire aux détriments des Etats (création de la Réserve Fédérale aux USA ; loi Pompidou-Giscard de 1973 en France ; article 104 du Traité de Maastricht ou 123 du Traité de Lisbonne ; indépendance de la BCE, etc.), ou spolier les citoyens directement en les forçant à s’endetter (par la baisse des salaires et les incitations mensongères, subprimes). Que lorsque des produits financiers aussi destructeurs que les crédits dérivés, CDS (Credits defaults swaps), s’ajoutent au tableau, le processus prend une allure suicidaire. Que rien ne peut plus arrêter la fièvre spéculative et l’appât du gain. Que les dettes explosent mécaniquement par le seul fait que les intérêts s’ajoutent aux intérêts et que le capital, lui, courent les rues du commerce mondial pour s’arrêter dans les poche des plus riches. Et que, pour finir, 99% de la population mondiale pâtit de cette situation.

Il est intéressant de constater que le prétexte initial pour confier aux marchés le quasi monopole de la création monétaire : la planche à billet créatrice d’hyperinflation (les banques privées, à travers l’investissement, créant supposément de la vraie richesse), tombe de lui-même en ces temps de crise. D’abord parce que la planche à billet tourne à plein régime aux Etats-Unis et en Europe pour combler les trous énormes creusés par la finance délinquante et parasite, et que l’inflation n’est endiguée qu’au prix d’une contrainte aberrante sur les salaires ; d’autre part parce que la monnaie scripturale, créée par l’emprunt, et la monnaie fiduciaire, mise en circulation par les Etats, sont aussi artificielles l’une que l’autre. Dans les deux cas, si abus il y a, ce sont les pauvres qui payent l’addition. C’est pourquoi la question de la démocratie (la vraie) est essentielle. Qui contrôle la monnaie ? A qui appartient l’Etat ?

Adrien Royo