samedi 16 mai 2009

Temps de cerveau disponible













mercredi 13 mai 2009

Suite Paradoxe (performance)

Texte de la performance "Suite Paradoxe" du 26 janvier 2008 à Autun (71) :


"Il s’agit du corps, du corps, du corps, du corps agi.

Corps créé. Corps incréé. Corps inventé. Corps à faire. Corps à défaire. Corps texte. Corps fini. Corps infini. Corps obstacle. Corps paradoxe. Corps sachant. Corps étalon. Corps élément. Corps machine. Corps de la machine. Corps partie. Corps épris. Corps sans âme. Corps esprit. Corps employé. Corps d’état. Corps miroir. Corps disposé. Corps exposé. Corps mystère. Corps temple. Corps éperdu. Corps effacé. Corps espace. Corps temps. Corps abîme. Corps dispensé. Corps dépensé. Corps simple. Corps digressé. Corps digressant. Corps affolé. Corps ex-pensé. Corps aveugle. Corps illustré. Corps final. Corps à naître. Corps existant. Corps constitué. Corps exagéré. Corps simulé. Corps dissimulé. Corps évanoui. Corps symbolique. Corps diabolique. Corps évènement. Corps fait. Corps imaginé. Corps pur. Corps impur. Corps souillé. Corps à voir. Corps à savoir. Corps langage. Corps juridique. Corps individuel. Corps sans individu. Corps égaré. Corps évadé. Corps escamoté. Corps avalé. Corps évanoui. Corps transmué. Corps coulé. Corps écoulé. Corps saisi. Corps dessaisi. Corps marché. Corps marchant. Corps démarchant. Corps technique. Corps prothétique. Corps hypothétique. Corps monstrueux. Corps éternel. Corps présent. Corps contemporain. Corps social. Corps collectivisé. Corps cybernétique. Corps logiciel. Corps circonstanciel. Corps énergie. Corps système. Corps diffus. Corps éclaté. Corps dilaté. Corps négatif. Corps obscur. Corps matériel. Corps immatériel. Corps atomique. Corps subatomique. Corps réifié. Corps relatif. Corps sans fil. Corps réseau. Corps du réseau. Corps mondialisé. Corps échantillon. Corps échantillonné. Corps copié. Corps copié collé. Corps téléchargé. Corps avatar. Corps mémoire. Corps mémorisé. Corps intériorisé. Corps sublimé. Corps outil. Corps instrument. Corps émergent. Corps expression. Corps bulle. Corps promis. Corps promesse. Corps projet. Corps kunique. Corps cynique. Corps cimetière. Corps oublié. Corps nié. Corps monnaie. Corps échange. Corps valeur. Corps action. Corps obligation. Corps croissance. Corps fossile. Corps interdit. Corps sans interdits. Corps pulsion. Corps affecté. Corps désaffecté. Corps sans affection. Corps donné. Corps repris. Corps volé. Corps humain. Corps inhumain. Corps extra-humain. Corps inorganique. Corps électronique. Corps virtuel. Corps collectif. Corps libéral. Corps libéré. Corps délibéré. Corps shivaïque. Corps chimérique. Corps extatique. Corps à venir. Corps à finir. Corps à deux. Corps à trois. Corps à quatre. Corps à mille. Corps à tous. Corps à moi. Corps abeille. Corps des cimes. Corps décimal. Corps du mal. Corps sans corps. Corps en creux. Corps empreinte. Corps en trace. Corps symphonie. Corps écho. Corps létal. Corps exutoire. Corps pour soi. Corps passion. Corps en soi. Corps émoi. Corps banal. Corps total. Corps totalisant. Corps totalitaire. Corps dictature. Corps village. Corps monde. Corps sombre. Corps noir. Corps quantique. Corps cantique. Corps associé. Corps asocial. Corps lunatique. Corps inné. Corps inéluctable. Corps acquis. Corps à toi. Corps à moi. Corps à nous. Corps à corps. Corps distingué. Corps indistinct. Corps surhumain. Corps suburbain. Corps suprême. Corps différent. Corps indifférent. Corps indifférencié. Corps abstrait. Corps abscons. Corps d’élite. Corps délité. Corps délictueux. Corps délicieux. Corps facile. Corps amer. Corps à terre. Corps simulacre. Corps crypté. Corps gigogne. Corps d’ombre. Corps monstrueux. Corps mystérieux. Corps fallacieux. Corps peste. Corpus Ex machina."

Adrien Royo

lundi 11 mai 2009

Rappel

Les Kuniques Bleus
Association pour la promotion du kunisme : un contre-cynisme



1- Cynisme : reniement achevé de l’homme.


Le cynique observe son propre monde avec des lunettes astronomiques. Il opère toujours à cœur ouvert dans une situation qui ne l’atteint pas. Mais il se voit aussi comme une chose parmi les choses, et le mépris universel qu’il conçoit n’est jamais que la conséquence du rapetissement fondamental dont l’époque a nourri sa conscience de soi. Le formidable appareillage techno-scientifique dont il s’est doté, le délivre des contraintes naturelles, et le livre pleinement en retour à la contrainte sociale naturalisée. Sa puissance est tout extérieure. En socialisant le naturel, il naturalise inévitablement le social, et au final se dé-nature. Il mute par désaffectation, désindividualisation, désappropriation. Décuplant son pouvoir sur la nature, il abdique tout pouvoir sur lui-même. Car le contrôle de la nature, y compris celle de l’intérieur, s’exerce toujours socialement au prix de son autonomie. Le pouvoir absolu en ce domaine socialise absolument. C’est pourquoi il est si comique d’observer l’agitation besogneuse des libéraux de toute obédience qui travaillent chaque jour à une collectivisation toujours plus totale au moyen des outils qu’ils croyaient avoir forgé pour libérer l’individu. Le cynique est finalement celui qui se perd sans se chercher en croyant s’être trouver. Adaptation, résignation, voilà ses maîtres-mots. Vive la liberté, s’écrie-il, en coupant joyeusement les liens symboliques, désintégrant ainsi, du même coup, l’individu. L’atomisation n’est pas l’émancipation, et la déréliction n’est pas le but. « Aide la machine à te faire disparaître, elle t’aidera à oublier ! » : credo cynique.


2 - Kunisme : naissance de la tragédie.


Le kunique s’observe lui-même dans son devenir. Projection d’individu, il a cette modestie de l’esquisse et la noblesse du grand dessein. Son grand dessein, c’est lui-même. Il ne pense pas être totalement né, c’est ainsi qu’il peut aller vers sa chance.

Face à l’embrigadement, à l’encasernement généralisé que les instances du biocontrôle appellent individualisme, le kunique s’avance nu, armé de sa seule et pauvre subjectivité.

Pour le kunique, cet individualisme que dénoncent les belles âmes citoyennes, sociales, charitables ou nationales, n’est que le mot-écran dont se sert la machine pour escamoter la réalité cruelle d’une dépersonnalisation programmée.

L’humanité, pour le kunique, n’est pas une essence mais une aventure et un projet. Et c’est ce projet qui est actuellement remis en cause par la procédure générale de marchandisation. On ne naît pas humain, on le devient. L’être-humain est une auto-création permanente.



Le kunisme est le moyen de tourner le cynisme contre lui-même en utilisant sa propre force. Redoublant de générosité, le kunique met à nu. Pariant sur l’intelligence, il ne contredit pas le monstre, il lui prend son costume et l’exhibe. Libre à chacun ensuite, malgré tout, de désirer le monstre. Le kunisme est donc un exhibitionnisme. Il en appelle en clair à un vaste coming-out tératologique (du grec teras : monstre).


Par exemple, le kunique exhibera le collectivisme libéral (monstre) qui s’exprime sous la forme paradoxale de la liberté individuelle. La liberté contre la liberté : cela ne vaut-il pas son pesant de cynisme ?

« Cynique » et « kunique » prennent à la même source animale. Chien est « canis » en latin et « kuon » ou « kunos » en grec. Faire le chien est donc également l’attitude de l’un ou de l’autre. Mais le cynique fait la bête, et le kunique l’idiot.

Le kunisme a toujours existé, mais comme condition de l’espoir, il doit être maintenant généralisé.

Le kunisme, c’est aussi en quelque sorte l’humain contre la machine. La machine générale qui n’est pas synonyme de progrès. Le kunique veut faire du socio-technique la matrice de l’individu, et non pas de l’individu l’instrument du socio-technique. En clair, il ne se résigne pas à faire de la disparition de l’individu la condition de son bonheur.

Le kunisme a donc toujours existé, mais il prend aujourd’hui un tour de nécessité tragique. L’alternative devient : cynisme addictif ou kunisme. Rien d’autre. Cynisme addictif étant la formule de l’anti-monde en gestation.

Pensée apocalyptique, diront certains. Eh ! bien, pourquoi pas. Révélation (apocalupsis) et bonne nouvelle forment un tout. D’où le pessimisme exclu.



Adrien Royo